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Grexit, Brexit, fausse reprise et bulle à 100 000 milliards

Thursday 14 May 2015 à 23:50
zombie-finance

La bulle obligataire, si elle éclate, risque de faire mal…

Alors que la sortie de l’Union européenne du Royaume-Uni (par référendum) — et celle forcée de l’euro de la Grèce — commencent à cheminer dans les esprits, des annonces sur un début de reprise économique en Europe s’enchaînent dans les médias. La situation serait « moins pire », et la croissance serait « bientôt au rendez-vous » — pleine de promesses d’emplois, de baisse de la dette, de déficit à moins de 3 % : en gros, rien que du bonheur. Les ténors de l’économie orthodoxe défilent sur les plateaux, derrière les micros, pour venir, qui, souligner le très bon exemple britannique, qui, l’Espagne en plein redressement, qui, le Portugal ou l’Irlande qui « iraient nettement mieux ».  Même les Etats-Unis. Vraiment ? Par quel miracle et avec quels ingrédients est donc faite cette fameuse « reprise » qui devrait nous mener au contraire, à la catastrophe ?

USA : la croissance dégringole, mais c’est sans importance…

Ce premier trimestre est piteux pour l’économie américaine : leur croissance s’est de nouveau écroulée. Le quotidien Le Monde en fait le constat :

« Entre janvier et mars, le Produit intérieur brut (PIB) a enregistré une croissance quasi-nulle de 0,2 %, selon la première estimation publiée mercredi 29 avril par le département du commerce. »
Les raisons, selon l’éditorialiste du Monde sont variées, entre l’hiver très froid, la hausse du dollar, et même… la grève des  dockers ! Mais ces baisses de premier trimestre sont fréquentes depuis plusieurs années, et les ténors ne semblent pas soucieux de ce phénomène, tout en évitant de trop parler du problème global de l’endettement privé américain. 1160 milliards de dollars pour les seuls prêts étudiants. Une dette de l’État fédéral américain de 10 025 milliards de dollars [soit environ 72 % du PIB] en 2008 qui a atteint la somme extraordinaire de 18 300 milliards de dollars fin 2014, soit aux alentours de 110% du PIB. Un compteur temps réel de ce gouffre financier permet de mieux mesurer l’ampleur du phénomène.
Chaque seconde la dette publique américaine augmente de plus de 47 200 euros, soit de plus de 4 milliards de dollars chaque jour et de 1 489 795 918 367 chaque année. Une dette publique US hors de contrôle.
 Mais l’économie américaine n’a pas de problème avec l’endettement, puisqu’elle ne survit que par lui. Les 6 ans de QE (Quantitative easing, Assouplissement monétaire) ont permis d’injecter des liquidités en masse dans le système bancaire et financier US. Résultat : spéculation sur des marchés étrangers, sur des monnaies, et nouveaux produits financier pourris, avec une relance par le crédit à la consommation qui ne se nomme pas, mais est bien là. L’Amérique triomphante a jeté des tonnes de billets verts sur les foules et s’enorgueillit d’une reprise économique en trompe-l’œil, dont les bases sont loin d’être solides. Tout au contraire. Bulle, vous avez dit bulle ? Oui, mais tout le monde s’en moque. On verra bien…

Ailleurs aussi…

QE à tous les étages chez nos voisins du Royaume (britannique) de sa majesté, le tout poussé par des réduction budgétaires drastiques, une suppression ou diminution des aides sociales qui ont eu pour effet une explosion de la pauvreté. La dette ne baisse pas, le déficit non plus, les Britanniques sont de plus en plus pauvres, mais la City continue, elle, à bien se porter. Les indicateurs de bonne santé économique ne sont pas du tout bons (productivité, industrialisation), et le taux de chômage de 5,5% est une illusion fabriquée par plus d’un million de jobs à 0 heure, et autres inactifs cachés, une population la plus endettée par habitant de l’OCDE. Les prix de l’immobilier ont explosé, la bulle immobilière est à son paroxysme, tout le monde attend son éclatement…

…même et surtout sur les marchés obligataires

Dans la zone euro, la décision a été prise il y a quelques mois de sauver le bateau de la même manière : assouplissement monétaire de plus de 1200 milliards d’euros en un an et demi. 60 milliards par mois, plus précisément. Les effets du QE de la BCE ne sont pas terribles : les taux directeurs devraient encore baisser, ils montent. Mais ils étaient déjà quasiment à 0%. Les investissements ne repartent pas. Les banques gardent le cash de leurs obligations d’Etat rachetées par la BCE, le replacent, spéculent avec, mais ne prêtent pas. A quoi bon ? La machine est grippée, c’est une certitude acquise. Une bulle obligataire mondiale est désormais en place, des USA, au Japon, en passant désormais par l’Europe. Il y a trop d’argent et on ne sait vraiment pas quoi en faire chez les banquiers… Rien ne fonctionne normalement, tout fluctue,  et avec 70% de Trading haute fréquence sur les marchés financiers américains et plus de 40% en Europe, les bots sont aux commandes d’une grosse partie de la finance internationale.

Les sorties (peu probables) de l’euro et la réalité du système en panne

Ce qui semble établi, au delà des analyses sur des frémissements ou des reprises de l’économie de telle ou telle zone, c’est que plus personne n’est en mesure de comprendre le fonctionnement global de l’économie post-crise financière. Ces analyses sont bonnes pour des observateurs de la chose économique du XXème siècle, aujourd’hui, elles ne tiennent plus la route. La croissance ne signifie plus grand chose quand elle est entièrement fabriquée par des injections de liquidités, comme un chômage artificiellement abaissée par des mesures de destruction de la protection des travailleurs. La Grèce est en chute libre, l’Espagne se remet à endetter ses classes moyennes, le Portugal revient au même niveau de pauvreté qu’au temps de la dictature, la France compte ses travailleurs pauvres, ses mal-logés, ses enfants dans des familles en dessous du seuil de pauvreté, et les 0,6% de croissance du trimestre seraient une bonne nouvelle ? Pour la cinquième économie mondiale qui vend des dizaines de milliards d’euros en avions de chasse Rafale ? Les salaires stagnent quand le coût de la vie augmente dans toute l’Europe. La Chine exporte chaque année un peu plus quand les balances commerciales des pays industrialisés s’écroulent (hors Allemagne par sa spécialisation). Une austérité synchronisée ne pouvait que freiner l’ensemble déjà bien mis à mal par le siphonnage bancaire opéré lors du grand sauvetage de 2009-2010. Les politiques d’aide aux entreprises dans un contexte de stagnation quasi généralisée dans une même zone d’échange ne servent à rien. Au final, personne ne semble s’en soucier chez les responsables politiques, puisque personne ne parle d’essayer autre chose.

Les sorties de l’euro lancées en l’air — le Brexit (sortie de l’Union européenne) ou Grexit (sortie de l’euro) — semblent en réalité un peu décalées aujourd’hui, puisqu’elles ne changeraient pas grand chose à l’affaire. Il suffit d’observer le Japon pour comprendre cet état de fait.

Un grand basculement était en cours depuis l’entrée de la Chine dans l’OMC au tournant de ce siècle, il s’est accéléré avec le « tsunami de la crise des subprimes ». La plus grande bulle financière mondiale de tous les temps est en train d’enfler de nouveau. C’est la bulle obligataire à 100 000 milliards de dollars qui était de 70.000 milliards en 2007. C’est avec son éclatement que tout se jouera. Sachant que les « crises » ont la fâcheuse tendance à se reproduire tous les 7 ans, que la dernière a eu lieu en 2008 et que nous sommes en 2015…

Tout ça risque d’être encore plus dramatique que la dernière fois.

Et partira d’Europe.

 

La justice des bots, c’est maintenant

Wednesday 13 May 2015 à 19:06

dontwnanaDepuis quelques jours, l’affaire Krach.in fait couler pas mal de pixels. Si vous avez loupé les épisodes précédents, un blogueur a été condamné à 750 euros d’amende. Son crime ? Avoir rédigé des articles liés à la sécurité informatique, des articles précis, argumentés, démonstratifs, la seule manière de faire comprendre un problème de sécurité afin de s’en prémunir… et c’était bien évidement sur la prévention des risques que ces articles étaient ciblés.

L’affaire aurait pu être « banale », car nous sommes effectivement quelques uns sur le Net à avoir constaté le zèle que certains tribunaux mettaient à condamner des gens sur la base d’éléments dont ils ne pipent pas le moindre mot, ni le moindre concept.

On a reproché à Krach.in notamment un article sur le cracking de clés WEP… ne rigolez pas, en 2015, se voir reprocher d’expliquer l’insécurité du WEP c’est complètement délirant. Pour ceux qui dormaient au fond, on rappellera juste que ce protocole de chiffrement sans fil offre une protection théorique de 64 ou 128 bits, mais que comme 24 bits passent en clair, il est possible de déduire la clé de cette « protection » de fait réduite à 40 ou 104 bits, et même d’accélérer cette opération en injectant du traffic pour récupérer un maximum de données intéressantes (dans notre cas, des vecteurs d’initialisation qui serviront à déduire la clé de chiffrement). Des outils assez simples et complets comme Aircrack-NG  mettent en oeuvre ce type d’attaques, des attaques dramatiquement classiques comme le démontrent les 15 millions de pages référencées par Gôgleuh qui traitent du sujet.

Plus sérieusement, comme Krach.in l’explique dans son récit détaillé, c’est surtout du côté des fournisseurs d’accès Internet qui livraient encore il y a peu de temps des box avec du WEP pré-configuré par défaut qu’il y a des claques qui se perdent.

Mais là où on touche le fond, c’est quand on lit le récit du blogueur et la manière dont la « plainte » est arrivée au parquet. Il s’agirait d’un robot (un bot) qui se balade sur les sites web à la recherche d’infractions supposées. Il n’en faut pas plus apparemment pour provoquer une perquisition au domicile du blogueur. Oui, vous avez bien lu, une intelligence artificielle se balade sur le réseau à la recherche d’infractions et hop, vu que ça cause WEP, ça mérite bien une petite descente. Si tu es blogueur et que tu parles de Tor, c’est peut être le GIGN qui te pend au nez. On se gratte la tête, on se pose un instant, et on se demande d’un coup si ce bot n’aurait pas un lointain lien de parenté avec un projet dont nous vous avons parlé ici et dont nous reparlerons le moment venu. Toujours est-il que selon les propos du blogueur qui relatent ceux des gendarmes :

« ils sont obligé de traiter cette, plainte car elle vient d’une sorte de bot qui scanne le WEB FR et selon les contenus lève des infractions »

Un bot à la con mobilise donc les effectifs de gendarmerie pour aller faire la chasse aux blogueurs alors que le contre-terrorisme croule sous le travail… bravo, ça c’est une gestion intelligente et efficace ! A quand le bot qui ira parcourir Google Street View à la recherche de personnes qui ne traversent pas dans les clous ? A quand le bot qui épluchera leur compte Facebook pour évaluer le pourcentage de chances que tata Françoise morde la ligne blanche sur la N21 le 14 décembre 2017, histoire qu’on lui envoie le RAID le 13 décembre ?

Une absurdité pouvant en cacher une autre …  et probablement soucieux de faire cesser la grave infraction qu’est d’expliquer pourquoi le WEP c’est de la merde (c’est vrai que ça ne fait « que » plus de 10 ans qu’on le sait), la gendarmerie lui demande de fermer son blog. « Monsieur vous démontrez trop bien un secret de polichinelle, mais nous sommes dans l’obligation de vous censurer intégralement« … Bienvenue en France en 2015 !

pedobearLe blogueur de Krach.in n’ayant pas les moyens d’aller au pénal (là encore on est probablement quelques uns à pouvoir vous expliquer que la justice accessible à tous est quand même vachement plus accessible quand on a quelques milliers d’euros en poche), il décide d’accepter une comparution sur reconnaissance préalable de culpabilité (CRPC). Et aussi délirant que ceci puisse paraitre de plaider coupable d’informer un public, même restreint, des dangers d’utiliser un chiffrement sans fil connu et reconnu comme faible et vulnérable, Krach.in espérait la clémence d’un juge qui comprend à minima de quoi on parle… monumentale erreur. Le procureur, demande une amende et 1 an sursis, en usant, comme à chaque fois que ça cause d’Internet, de comparaisons très bien senties avec un point Pedobear® inside :

« Il comparait le fait que je montre des techniques de hacking au fait de conduire une voiture à 250km/h alors que c’est interdit, juste pour montrer que cette vitesse peut être atteinte… »

« Ensuite il a comparé ça avec des histoires de pédophilie »

Bilan : reconnu coupable (normal en CRPC), condamné à 750€ d’amende, blog fermé… Et un putain de bot un peu crétin qui saisit la justice pour des trucs d’une rare connerie pendant que nos effectifs de polices font la traque aux barbus qui ne sont pas adminsys.

Condamner Krach.in, ça revient à condamner l’Ange Bleu  pour pédophilie, c’est condamner la prévention, pas les criminels.

Meanwhile in Greece…

Tuesday 12 May 2015 à 22:04

grecePendant que tous les regards sont tournés, qui vers le Projet de loi sur le renseignement, qui vers les îles des Caraïbes, qui vers le Népal, le grexit re-pointe le bout de son nez. Même si la Grèce a annoncé avoir décidé de lancer la procédure de remboursement de 750 millions au FMI, il semble bien qu’elle ait choisi une voie un peu limite. Les sujets du grexit et du défaut refont surface. Certains banquiers le voient même arriver en mai ou juin. Ce qui serait très bon pour la reprise économique de l’Europe… Dans le même temps, nos amis d’Outre-Manche, les Britanniques, tout affairés qu’ils sont avec le royal baby, semblent très peu affectés par les projets de celui qu’ils viennent de reconduire au pouvoir et dont toute la classe politique française a salué la réélection : il prévoit d’organiser un référendum sur la sortie de son pays de l’Union. En cas de sortie de la Grande-Bretagne et de la Grèce, on peut imaginer que les conséquences seraient… Comment dire ? Imprévisibles ?

Parlementaires : algorithmes à géométrie variable

Tuesday 12 May 2015 à 21:45

algoIl faut le lire pour le croire… Un article de Nicolas Rauline Journaliste au service High-tech & Médias des Echos (à lire en entier) nous apprend que les parlementaires souhaitent encadrer les algorithmes. Non, non, pas ceux du gouvernement (Projet de loi sur le renseignement) qui vont plonger dans nos vies privées, ceux des méchantes grosses entreprises qui règnent en maîtres sur le Web, comme Google, Netflix et consorts.

« Les pouvoirs publics vont-ils bientôt mettre le nez dans les algorithmes ? Devant l’importance croissante des formules mathématiques et de l’automatisation dans nos vies, certains le réclament, en tout cas. C’est le sens d’un amendement de la loi Macron, adopté par le Sénat il y a quelques jours. Déposé par plusieurs sénateurs de l’opposition, celui-ci impose notamment à Google de mieux informer les internautes sur les critères de son algorithme et lui interdit toute discrimination, sous peine de se voir infliger une amende allant jusqu’à 10 % de son chiffre d’affaires mondial (soit environ 6,6 milliards de dollars). Les sénateurs se sont largement inspirés d’un rapport du Conseil d’Etat, rendu en septembre dernier, sur le numérique et les droits fondamentaux. L’une des propositions fortes de ce rapport était la création d’un droit des algorithmes, visant à réguler ces formules, omniprésentes dans les nouvelles technologies. »
Et l’on reste un peu plus perplexe encore en lisant les extraits du rapport du Conseil d’Etat :
« L’utilité des algorithmes pour optimiser le fonctionnement d’un certain nombre de services n’est pas discutable, reconnaissaient les magistrats dans le document. Ils présentent cependant trois sources de risques pour l’exercice des libertés : l’enfermement de l’internaute dans une « personnalisation » dont il n’est pas maître ; la confiance abusive dans les résultats d’algorithmes perçus comme objectifs et infaillibles ; de nouveaux problèmes d’équité du fait de l’exploitation toujours plus fine des données personnelles. »
Encore un effort et toutes les branches de ce qui constitue notre Etat se mettront d’accord.

Aujourd’hui, le totalitarisme doux, et demain ? #boitesnoires

Monday 11 May 2015 à 20:46

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— Bonjour on aimerait acheter ce poste de télévision Ultra HD de 4 mètres de large à 4500 € qu’est sur le stand là, vous faites des facilités ?

— Mais bien sûr chers messieurs-dames, suivez-moi donc dans ce bureau, je vais de ce pas vous donner notre carte hyper gold de crédit permanent à cumul de points, qui exceptionnellement, parce que vous êtes venus pile au bon moment, est GRATUITE !

— Whaaaa, c’est génial, hein chérie ? Et pour les papiers à remplir ?

— Rien à faire du tout, je vous fais ça en direct. Vous me dites combien vous gagnez, vos crédits en cours, et hop on rentre ça dans l’ordinateur, et c’est bon !

— On gagne… heu, toi t’es à mi-temps à IntermSupershop, et moi par contre j’suis à plein temps à Barto-Carto, et on gagne…heu… 1850, en gros…

— Oui, bon, on ne va pas embêter les gens de Crédit-conso-gogo avec des détails sur le mi-temps de madame, et puis leurs ordinateurs peuvent bloquer, donc, on met deux salaires de 1500, ça fait un 3000 € à deux, ça va ?

— Heu, oui…

— Les crédits en cours ?

— On a la maison, la voiture, et puis les cartes de…

— Je vous arrête. Vous le voulez ce poste, hein ?

— Oui, oui.

— Vos crédits, ça ne va pas aider. Donc, on peut mettre une petite traite de voiture, du 250€, c’est à peu près ça, non ?

— Heu…non, c’est un peu plus, on a une familiale avec les options, et puis…c’est plutôt cinq…

— Bon, on met 300€, ça va passer.

— …

— Alors, vous remplissez ça, vous signez, et je valide…on attend que ça réponde, attendez, attendez…voilà… c’est presque bon… oui… allez… OK !

— C’est quoi, ok ?

— C’est bon, vous êtes passés, vous avez la carte, l’écran est à vous, le premier paiement n’est que dans un mois, et bien entendu, vous pouvez tirer du liquide, payer avec votre carte, comme n’importe quelle carte de crédit, elle sera dans votre boite dans 3 jours ! Félicitations !

— Bon, ben, merci !

— Mais c’est moi. Amusez-vous bien, et au plaisir messieurs-dames !

Sondages, djihadistes barbus… et écrans plats

Une part non-négligeable de la population française ne voit pas de problème à laisser les services de renseignement surveiller le réseau Internet pour lutter contre le terrorisme. Demandé comme ça, effectivement, on peut comprendre que ceux qui utilisent leur accès internet de la même manière que leur abonnement à Canal+ ne voient pas où est le problème de traquer des vilains terroristes sur  Internet le réseau pédophile mondial avec lequel ils effectuent 90% de leurs actions quotidiennes. Traquer des terroristes forcément barbus — les mêmes qui ont massacré 17 personnes entre le 7 et le 9 janvier dernier, où est le problème ? Se met alors en place  un nouveau système de surveillance étatique partiellement automatisé des « communications électroniques » de la population, pour parler bien la France.

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Tout ça est hallucinant, pour qui a encore un cerveau en état de fonctionnement — c’est-à-dire qui n’absorbe pas 3h45 de bullshit télévisuelles par jour. Pas pour les autres qui boycottent la propagande, ou encore ceux qui tentent de se désintoxiquer, en venant lire Reflets, par exemple. Mais le fond de cette affaire est plus vaste qu’une simple loi qui installera des boites noires de surveillance administrative à base d’algorithmes secrets et nous priverait, au moins partiellement, de notre vie privée. La démocratie telle que nous la connaissons ne changera pas du tout. Le monde de « 1984 » ne surviendra pas. Tout ira pour le mieux, dans le « meilleur des mondes, » celui du… totalitarisme doux. Celui qui est déjà en place et qui croît années après années. Amélioré [pour la continuation du bien-être de la caste en place] par ces outils.

Le royaume républicain de la tyrannie normative

Le but de l’existence d’un consommateur citoyen Français standard, celui que l’on retrouve à peu près partout et correspond à 90% de la population, est assez simple à résumer. Il veut acheter. Dépenser. Consommer. Se gaver. S’il est fatigué, le Français veut se divertir, se vider la tête, et pour ça il se colle le plus souvent devant un écran, et regarde un monde fabriqué par des spécialistes du marketing. Cette norme est devenue tyrannique, puisque ne pas la suivre représente presque une forme de dissidence.

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La marge se situe désormais à la limite de ce fonctionnement basé sur l’absorption d’images débilitantes, l’échange égotique sur Facebook, et l’achat compulsif de gadgets à la pointe d’une modernité pensée dans des bureaux luxueux remplis de spécialistes en design et réflexes d’achat. Ce totalitarisme doux des esprits se développe dans un royaume maintenu par une bourgeoisie qui pilote l’ensemble grâce à l’appel désormais bien connu des urnes. Le royaume de la République française, avec ses ors, ne peut pas proposer autre chose que ce totalitarisme doux, basé sur une soumission à l’argent, à des valeurs largement abandonnées dans la réalité quotidienne citoyenne ou politique, mais revendiquées en permanence.

Boites noires : contrôle oligarchique préventif ?

Toute cette affaire de boites noires au sein du projet de loi renseignement est intéressante, surtout quand on regarde de plus près les objectifs de la loi. Loi, qui, rappelons-le, est avant tout là pour rendre légales des pratiques déjà en cours, mais totalement illégales. Ces objectifs touchent à peu près à tout : l’économie, la techno, la délinquance, les manifestations, c’est tout juste si on n’y trouve pas la protection de la recette de la tartiflette. Que le gouvernement veuille donner des garanties en expliquant que les boites noires ne surveilleront « que » les comportements supposément terroristes n’a aucun sens : personne ne pourra vérifier cet état de fait, et si des intérêts en jeu dans le cadre général de la loi peuvent être traités par ces algorithmes, il semble difficile de croire que le pouvoir en place pourra se retenir de les utiliser.

L’affaire des fadettes des journalistes du Monde est un exemple très parlant de ce type de dérives dont l’Etat a le secret. Le principe de la déstabilisation des institutions de la République inscrit dans la loi ne peut pas laisser penser que les boites noires ne serviraient pas à contrer toute velléité allant dans ce sens.

Sac-poney

On peut donc penser, sans trop délirer ou fantasmer — comme dirait Manuel — que ces outils excessivement puissants et modernes, vont pouvoir permettre d’autres choses que simplement surveiller des potentiels terroristes. L’idée de « prendre la température d’un pays » au delà de sondages plus ou moins bien réalisés, par le biais de « photographies » des comportements en réseau via les big data collectionnées par les boiboites, n’est pas à placer obligatoirement dans la théorie du complot. Savoir quels courants de contestations se créent, où et qui est en train de vouloir créer une alternative politique, s’opposer à des décisions gouvernementales est absolument vital pour un pouvoir politique. Enfin, s’il veut vraiment que le système tel qu’il est… perdure. Un système oligarchique dans notre cas. Des castes, formées d’une élite. Qui n’a aucun intérêt que les ors de la République disparaissent. Avec tous les privilèges tirés de la monarchie qui vont avec.

Au final, le bordel arrive (on the net), et c’est tant mieux

Oui, bon, allez, finissons cet article sur une note positive, parce que sinon la toile va finir encombrée d’alcooliques plus vraiment anonymes, et ce serait dommage. L’obligation de réagir, au moins techniquement à cette vaste fumisterie autoritaire et scandaleuse des boites noire est déjà entamée. Vous pouvez récupérer ce script sur https://boitenoirekiller.com/. Et comme le disent les ouaibemasters du site de « boites noires killer » :

Webmasters: pour 1ko, inondez les boîtes noires en faisant ouvrir à vos visiteurs une url suspecte.

<script src="//boitenoirekiller.com/js.js"></script>

<a href="https://boitenoirekiller.com">Je n'aime pas les boîtes noires.</a>

insérez ce code juste avant la balise </body>

Après, tout est dans nos mains, comme dirait l’autre. Y’a plus qu’à. Voire…pire…