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Tirs de barrage et violence d’Etat

Thursday 30 October 2014 à 17:33
reporterre-dessin

Dessin de Tommy / Reporterre

La mort de Rémi Fraisse a bien été causée par une grenade offensive des gendarmes mobiles. Les autorités ont bien tenté de noyer le poisson selon une méthode savamment éprouvée dans toutes les affaires de violences ou de crimes policiers.

Les premiers mots du préfet du Tarn, Thierry Gentilhomme (sic), diffusés dimanche matin, sont éloquents. D’abord il est question du « corps d’un homme sans vie » qui aurait été « retrouvé » sur le site. Sans jamais indiquer que cela pourrait être la conséquence des affrontements. (Propos repris dès dimanche par France Info qui ont disparu entre-temps après mise à jour).

Le doute était tel que dimanche matin, pendant de longues heures, les personnes présentes sur la zone envisageaient que cette mort pouvait n’avoir aucun lien avec les événements de la nuit. Le même communiqué du préfet se permet d’ajouter que deux gendarmes mobiles ont été blessés! Voilà comment on prépare le terrain: on ne sait rien sur la mort de cet homme, mais les premières victimes sont les GM!

Ensuite, l’autopsie pratiquée lundi sur le corps de Rémi. La mort serait due à une « explosion »; mais attention, dixit cette fois le procureur d’Albi, impossible de dire si cette détonation est venue du camps des gendarmes. Laissant là aussi à penser qu’il pourrait s’agir d’une arme artisanale venant des zadistes. Une explosion? Et pourquoi pas la foudre!

Ensuite, il s’avère donc que des traces de TNT sont retrouvées sur les vêtements de la victime, ne laissant, cette fois, aucun doute sur l’origine de l’explosif. Ce ne peut être qu’une des grenades utilisées dans toutes les manifs sans discernement, malgré des précautions d’emploi jamais respectées. C’est ce type de munition qui a tué un manifestant en 1977 lors d’un rassemblement monstre (60.000 personnes) contre la supercentrale nucléaire de Creys-Malville (Isère).

Cazeneuve vient d’annoncer qu’il « suspend » ces grenades qu’il appelle lui-même « offensives ». Une minute: le terme « offensif » est employé par le premier flic de France après mort d’homme. Alors que bien entendu, l’euphémisme policier parle toujours de dispositifs de « défense », de « protection » ou de « dispersion » — des armes, bien entendu, « non létales ». « Quand l’atmosphère générale est mauvaise, le langage ne saurait rester indemne », écrivait Orwell!

gli-f4Une arme est une arme, et elle tue. Deux suspects potentiels dans l’histoire de Rémi. La grenade dite « assourdissante », modèle GLI-F4 (qu’on appelle aussi « flash-bang » dans le jargon), censées attaquer l’oreille interne et désorienter les manifestants (détonation 160 à 170 décibels) tout en libérant du gaz asphyxiant. Une arme autant psychologique qu’incapacitante et meurtrière. Elle assourdit et elle mutile, car comme tout système explosif elle éjecte des débris « qui ont parfois la taille d’un ongle » et qui « pénètrent la peau et vont jusqu’à perforer des organes, déchirer des muscles, sectionner des nerfs ou des tendons », d’après ce guide détaillé de l’arsenal policier. « L’intensité de l’explosion peut également provoquer la surdité par une rupture des tympans. » (Se référer aussi à ce document complet [PDF] mis à jour en décembre 2012).

Sur le Testet, les autorités ont insinué que ce type de grenade avait peut-être été utilisée « une ou deux fois » pendant la nuit du 25 au 26 octobre. Une ou deux fois! Ce n’est pas du tout la réalité. Dans l’après midi, j’en ai entendu au moins une toutes les cinq minutes.

sae440Autre possibilité: la grenade dite de « désencerclement », baptisé joliment « dispositif balistique de dispersion » (DBD). C’est une « arme à fragmentation », contenant un explosif (160 db là aussi) et 18 projectiles en caoutchouc de 10g qui peuvent blesser ou mutiler. Comme pour la GLI-F4, les grenades DBD propulsent des  fragments qui pénètrent les tissus et certains ne pourront plus être retirés, des victimes garderont donc ces débris dans leur corps toute leur vie. Les deux fabricants de ces armes de mort déguisés en matériel de défense sont Lacroix-Alsetex et SAPL. Ils font la fierté de l’industrie française, salués par Alliot-Marie pendant les révoltes en Tunisie en 2011. (MAJ) Comme son nom l’indique, ce type d’armes doit logiquement être employé lorsque les flics s’estiment encerclés d’émeutiers. Sur le Testet et ailleurs, ils en ont abusé pourtant sans respecter ces « consignes ».

C’est la même logique mis en œuvre avec les pistolets taser et les flash-ball, dont la dernier version moderne se nomme LBD, « lanceur de balles de défense »! Défense de rire ou de pleurer. Le LBN mutile et il a été conçu aussi pour ça — en sachant qu’un blessé est un vecteur fondamental, même involontaire, de la terreur que l’arsenal policier a pour mission de distiller dans la société. Un site internet, monté par la famille de Pierre, jeune nantais qui a perdu un œil en 2007, fait depuis un décompte macabre mais accablant de ces mutilations.

Et encore, ne parlons pas de l’avenir, de la police moderne et « non létale », avec par exemple les canons à ultrasons qui balancent des ondes sonores s’attaquant non seulement aux tympans mais qui sont calculées pour désorienter voire pour provoquer nausées et vomissements (même si cette assertion n’est pas encore prouvée, cf le commentaire de Juliette plus bas). Cela sans aucun produit chimique. De l’agression invisible, indicible — une arme éthique, quoi! Specimen de ces armes acoustiques: le LRAD, une invention américaine, qui a été testé en zone de guerre et utilisée sur des populations civiles en 2009 lors du contre sommet du G20 à Pittsburg.

lrad

Bientôt dans nos villes et nos campagnes: le canon acoustique LRAD

La force policière n’a souvent pas besoin de s’exprimer pour user et abuser de sa violence dite légitime de ses représentants armés. Elle peut tout simplement s’exposer, se montrer, s’afficher. Une arme psychologique bien plus efficace que les « big bang » de grenades policières… Sur le Testet, les GM avaient aussi, samedi dernier, obtenu le renfort d’un hélico anti-émeute qui survolait la zone toute l’après midi et pendant la fameuse nuit. Hélico équipé de deux énormes caméras HD qui filmait tout en permanence. Alors que le préfet avait « promis » qu’aucune force de police ne serait présent durant ces 2 jours « festifs ». Qui parle de « provocation »?

On sait maintenant que tous les engins de chantier qui auraient pu être la cible de militants plus radicaux avaient été déménagés du site du barrage. Mais il restait du matériel (un groupe électrogène apparemment), qui a servi d’appât: il fut incendié la nuit précédant la mort de Rémi. Incendie justifiant l’arrivée des GM, CQFD! Il y avait au moins 25 fourgons samedi en fin d’après midi. Qui parle alors de « provocation »?

L’usage de la force n’est pas l’apanage de dispositifs et de matériels de terreur et de coercition. Cela fait deux mois que la zone du Testet est sous la pression de véritables milices pro-barrage dont les exploits ont été relatés par les deux collectifs sur place, celui du Testet (plus « citoyenniste ») et celui des Bouilles, référence au lieu-dit occupé par des zadistes pour tenter, en vain, de bloquer le chantier qui a démarré en force en septembre malgré des recours juridiques non définitifs. Ces milices, cagoulées, armées et menaçantes, ont lancé ouvertement des appels au meurtre déguisés en « battue anti-bobo » (image ci-dessous). Menaces mises à exécution, comme en témoigne ce récit hallucinant. Et le tout sous la protection des gendarmes!

chasseantibobos

Aucune poursuite n’a été engagée à ce jour contre ces faits. Pourtant, j’en connais certains qui ont passé 48h en garde à vue et ont été poursuivis en correctionnelle pour ce même chef d’accusation pour avoir organisé pendant 15 mn un picnic symbolique dans la propriété des milliardaires Pinault. Leur banderole proclamait: « La ZAD aura ta peau » (celle de Notre Dame des Landes, rapport au fait que les Pinault sont actionnaires de Vinci, bétonneur désigné pour construire l’aéroport…) Ils ont gagné en appel, mais ils ont été poursuivis, pas les miliciens du Testet.

Comment enfin interpréter ce communiqué du 6 octobre signé du préfet d’Albi, et titré « La retenue d’eau de Sivens: une opposition radicale qui menace la sécurité des ouvriers et des forces de l’ordre » (sic)!

«La radicalisation des opposants à la retenue d’eau de Sivens a nécessité, à de
multiples reprises, l’intervention des forces de l’ordre, afin de faire respecter les décisions de
justice successives.
«Gendarmes mobiles et gendarmes (…) ont dû être engagés sur le site depuis le mois de mai 2014 afin de procéder à l’expulsion des opposants au projet (…) et permettre au maître d’ouvrage de continuer les travaux pour lesquels il est muni de toutes les autorisations. Ces opérations ont été rendues inévitables suite à la décision des opposants de se maintenir illégalement sur le site et d’avoir recours à la violence et au vandalisme, contre les forces de l’ordre et le Conseil général, maître d’ouvrage.
«Les forces de l’ordre sont là pour faire appliquer la loi. Les gendarmes le font avec discernement et engagement. 7 militaires blessés (dont 1 avec 45 jours d’ITT) sont déjà à déplorer à ce jour.»

Qui a parlé de « provocation »?

permis_de_tuer2La mort de Rémi Fraisse doit aussi nous révolter contre les autres victimes de crimes policiers. « Permis de tuer », Un ouvrage collectif paru récemment chez Syllepse fait le récit méticuleux de quelques affaires d’assassinats emblématiques qui n’ont, pour la plupart, pas encore été jugées. Qu’il s’agisse de morts par balles (entraînant à chaque fois une obscène campagne pour camoufler ces crimes en « légitime défense ») ou de morts à la suite d’interpellations musclées, par étouffement ou tabassages, le mode opération des « enquêtes » qui sont menées pour « faire la lumière » sur ces affaires sont étonnement similaires.

Tentatives d’intimidation sur les familles pour ne « pas faire trop de bruit », compromissions des policiers chargées d’enquêter sur leurs collègues, inertie de certains avocats qui pensent plus à leur carrière, la complicité passive des magistrats à qui il faut mâcher le travail pour que de simples et élémentaires contre-expertises soient diligentées… Avec souvent des tentatives de faire passer la victime comme un excité, un récidiviste ou un sauvageon, de le présenter comme quelqu’un « sous l’emprise de cocktails de drogues et d’alcool », histoire d’en faire le coupable de sa propre mort. Autant d’éléments diffus et disparates qui sèment le doute au sein des collectifs de défense des familles, un doute sur lequel se jetteront les journaux qui n’ont pas besoin de ça pour se ranger du côté de la « force légitime ». Sans parler du jeu de dupes des syndicats de policiers qui apparaissent comme une des sources à citer alors qu’elles ne sont que le prolongement décomplexé de leurs institutions hiérarchiques. Sans oublier que lorsque — rarement — les policiers sont jugées, ou même condamnés, ils sont encore plus rarement destitues ou révoqués — tout au plus suspenses ou mutés.

Disons enfin que doit exister, une bonne fois pour toutes, une véritable solidarité entre les toutes les victimes de la violence d’État. En d’autres termes, que l’on se révolte pour la mort d’un jeune étudiant blanc issu des classes moyennes avec autant de hargne et de sincérité que pour celle d’un jeune noir ou maghrébin issu des quartiers populaires de relégation sociale qu’on appelle vulgairement « les banlieues » (*). Cela permettra peut-être de ne plus seulement s’intéresser aux conséquence de cette violence, mais aux causes profondes du malaise, au terreau idéologique qui justifie la persistance d’un système économique ravageur et porteur, en son sein, d’une autre forme de violence politique et sociale qui n’est jamais remis en question.

(*) Pour agir et aller plus loin voir le site du collectif Urgence notre police assassine.

E-Archéologie : les ruines numériques de l’UMP à l’ère post Bygmalion

Thursday 30 October 2014 à 12:23

umplolDe temps en temps sur Reflets, nous aimons revenir à postériori sur des dossiers qui nous ont fait pisser quelques pixels… les « cold cases ». Ce qu’il y a de bien avec les « cold cases » de l’UMP, c’est qu’il n’y a souvent même pas besoin de les passer au microondes pour les resservir chauds bouillants. Et comme on se sentait un peu l’âme de cyber archéologues la nuit dernière, nous sommes allés déterrer le cold case Bygmalion.

À l’époque du battage médiatique autour du volet financier de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy pour lequel les facturations de prestations imaginaires de l’UMP par Bygmalion sont probablement qu’un amuse-gueule, nous avions retrouvé une soixantaine de sites réalisés par l’agence de communication hipster-active des jeunes qui n’en veulent de l’UMP.

Reflets vous propose donc aujourd’hui un circuit cyber-touristique tout compris, avec des destinations qui vous feront rêver, ou hurler. Les vestiges de Bygmalion, vous allez le voir, sont fascinants. Vous pouvez évidemment faire vos propres recherches si celles-ci ne tuent pas toute la planète… ah.. et évitez de vous maintenir dans un espace public également, vous avez le doit à une seule page par domaine (2 pages = paff maintien frauduleux dans un espace public), on sait jamais.

C’est parti…

Chez Jean François Copé, on est passé de ça

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à ça …

C'est un poil plus austère

C’est un poil plus austère

À Levallois, il n’y a plus de pilote… C’est vrai qu’à force de placer tout le monde en garde à vue, il ne reste plus grand monde, ni à Levallois, ni chez Bygmalion pour s’occuper des sites web… Au coeur de Levallois, qui s’employait à expliquer, il y a peu, les finances toutes propres de la ville, aurait pu nous régaler d’éditions spéciales en ce moment…

Mais ça c’était avant :

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Maintenant, à Levallois, ça se passe comme ça :

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S’il n’y avait eu qu’une seule erreur de produite à Levallois…. mais oh oui, mets moi en mode debug s’il te plait

Chez les jeunes actifs de l’UMP, il y avait des cyber-rave-parties intergalactiques avec du Nadine Morano dedans qui guinchait avec les djeunz en se ridiculisant dans un pathétique mais tellement drôle lipdub… et bien tout ça, c’est terminé.

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La disparition qui m’attriste le plus

Et puis il y a l’un de mes préférés de Bygmalion, le site La Dépense Publique… bah oui, ça ose tout vous comprenez… Bygmalion a signé un site sur la dépense publique, un sujet sur lequel personne ne pourra nier l’expertise de l’agence. On sent bien que Bygmalion a essayé de faire un truc à l’époque. Le problème, c’est qu’aujourd’hui, voici ce qu’il en reste :

la depense publique

Au moins là, il coûte moins cher et le nouveau theme graphique passe le validateur du W3C au poil

Le site de Laurence Parisot a lui été rayé de la cyber carte. À ce jour nul homme sur terre n’a idée de ce qui a pu provoquer l’extinction de l’espèce du site. Les adeptes de la théorie des anciens astronautes seraient remontés jusqu’à un certain IFOP qui aurait la jouissance du domaine jusqu’en décembre 2015. Le site de Laurence Parisot, Web Archives est formel, est un site qui a bien existé, et Bygmalion l’a bien monitoré à coup de Google Analytics à une époque.

Avant, c’était comme ça

Mais ça c'était avant...

Mais ça c’était avant…

Maintenant, ça ressemble à ça.

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Le site « Professions libérales 2012″ à l’époque de sa splendeur, c’est à dire avant qu’il ne soit cybersquatté, ressemblait à ça

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À l’ère post Bygmalion, ça donne, un petit cours de SEO pour les nuls :

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Le site Adroitetoutes.fr, une autre réalisation de Bygmalion ressemblait à ceci avant :

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Maintenant, ce site fait l’objet d’une redirection vers une boutique en ligne de godasses… le coup de pompe. Le domaine a été redéposé par un certain Ano Nymous chez un registar de Nassau.

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Du côté des intéressés eux mêmes, ce n’est pas plus reluisant :

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Le site de l’agence répond aux abonnés absents

Le site de Doxeo, filiale de Bygmalion

Le site de Doxeo, filiale de Bygmalion

Petit rappel :

Les partis politiques touchent des subventions assez rondelettes, ces subventions ce sont vos impôts, ces ruines sont donc pour certaines un peu les vôtres.

Bref…

On va arrêter le massacre ici, ça ne sert à rien de tirer sur de la viande froide.

Alors à quoi sert cet article ? On va être clair, il ne va servir à rien, nos prédictions vont se réaliser un moment ou l’autre, on vous dira « on avait raison, on vous avait prévenu vous n’avez rien fichu ».

Il servira peut être un ancien client de l’agence à connecter deux neuronnes pour se poser les questions suivantes :

On pourrait déplorer le manque de vision globale d’une entité comme l’UMP qui est par définition habituée à manipuler beaucoup de données personnelles. Mais quand on voit le chantier apocalyptique laissé dernière l’implosion de Bygmalion, une fois de plus, on doute de la capacité du parti à prévenir les cyber-mandales que les uns et les autres aiment se filer à la veille d’une campagne électorale.

En l’état actuel des choses, la boule de cristal de Reflets vous annonce encore un psychodrame numérique à l’UMP à horizon 2 mois. A moins que l’un des cadres du parti nous lise … ET SE SORTE LES DOIGTS DU CUL pour faire migrer ou fermer complètement les services anciennement hébergés par Bygmalion.

Une centrale de biomasse pour déforêster les Cévennes ?

Tuesday 28 October 2014 à 11:24

La transition énergétique n’est pas une simple opération économico-écologique visant à basculer d’un mode de production d’électricité basé sur le nucléaire ou le charbon vers des énergies « propres » ou « vertes », respectueuses de l’environnement et sans danger. La centrale E.ON de Gardanne, bientôt en production, en est l’illustration parfaite. Premier aperçu d’une affaire qui risque de tourner très mal, enrichir des actionnaires et des propriétaires tout en ruinant écologiquement les (fragiles) vallées cévenoles dont beaucoup sont pourtant… « protégées ».

EON

La centrale électrique de Gardanne commence à être médiatisé depuis que l’entreprise E.ON l’a rachetée et débute son rachat de bois. E.ON, l’un des plus gros producteur d’énergie européen a en effet décidé de reconvertir l’une des tranches de la centrale à charbon du site, en centrale à biomasse. Le principe est simple : au lieu de produire de l’électricité en brûlant du charbon, cette tranche de la centrale brûlera du bois. Le projet, en accord avec le Grenelle de l’environnement, semble donc parfaitement adapté au principe de transition énergétique, puisque les centrales à biomasse rejettent peu de CO2 par rapport à des centrales à charbon. Sauf que les choses ne sont pas si simples.

 Comment alimenter une centrale en bois ?

E.ON explique précisément sur son site comment sera alimentée sa centrale :

La biomasse permet la production d’électricité à partir de la combustion de différentes matières organiques (déchets verts, plaquettes, bois de récupération). Le mix combustible de la nouvelle unité Provence 4 biomasse sera composé à 90% de biomasse et à 10% de produits charbonniers (produits cendreux de récupération PCR). La centrale brûlera environ 850 000 tonnes de combustible biomasse par an.

 La biomasse issue du secteur forestier local, entrera pour près de la moitié dans le mix combustible de la centrale biomasse Provence 4. La zone d’approvisionnement couvrira les régions PACA et Languedoc-Roussillon, ainsi que les départements limitrophes, soit un rayon de 400 km.

 425 000 tonnes de biomasse seront donc issues des forêts françaises, dont une partie proviendra des Cévennes. Ces montagnes, très sauvages, aux routes étroites, aux paysages enchanteurs, sont pour une partie importante (en Lozère et dans le Gard, particulièrement) incluses dans le Parc national des Cévennes. E.ON compte donc acheter une partie de ses 425 000 tonnes de bois en Languedoc Roussillon, et les forêts cévenoles paraissent des candidates toutes désignées. D’ailleurs, le Parc des Cévennes a déjà signé un « protocole de travail » :

Le parc national des Cévennes et la compagnie d’électricité allemande E.ON ont signé le 8 janvier un protocole de travail qui fixe « les actions à mener pour identifier les possibilités de conciliation entre la préservation des enjeux de territoire » identifiés dans la charte du Parc et l’approvisionnement du projet de centrale convertie à la biomasse de Gardanne (Bouches-du-Rhône), a annoncé le parc.

L’engagement de départ est lui aussi établi, et en volume, la précision est apportée :

La part de biomasse issue des Cévennes serait de 35.000 tonnes de bois/an. Ce qui représenterait de 200 à 1.000 ha de coupes de régénération et d’éclaircie sur un massif forestier d’environ 150.000 ha.

Tout à l’air parfait, sauf que la réalité n’est pas du tout représentée par ces quelques chiffres.

Les Cévennes, un nature sauvage…et fragile

village-Cevenol

Décrire le prélèvement en bois au sein d’un massif comme celui des Cévennes en donnant une valeur en hectares prélevés, comparée à l’ensemble est excessivement malhonnête. Ces montagnes sont difficiles d’accès, la végétation y est très hétérogène, et parler de massif forestier de 150.000 ha ne décrit pas la réalité. Les forêts de châtaigniers, par exemple, ne sont pas aussi importantes que celles de pins. Des parties très importantes de ces montagnes sont recouvertes de « bartasses » (des arbustes, des friches).

Mais le problème central de la vente de l’abattage à E.ON se situe à un autre niveau, celui de l’accès aux exploitations et des nuisances écologiques causées par les camions de la centrale à biomasse. Si la vente des troncs, déposés par les propriétaires au bord des chemins s’effectue comme il l’est prévu, c’est un ballet incessant de ces engins qui se mettra en place. Les ponts en pierre ne pourront que difficilement résister à ces passages incessants, comme les murs de pierres sèches qui maintiennent de nombreux bords de routes ou de chemins. Entre pollution par les gaz d’échappements des camions d’E.ON, nuisances sonores et détérioration des accès, les petites montagnes (et leurs habitants) n’y résisteront pas.

Cette affaire de Gardanne est loin d’être terminée, des manifestations ont déjà eu lieu, mais dans le même temps de chemins de terre des Cévennes ont déjà été « élargis » par des municipalités, sans concertation avec la population : l’ogre allemand arrive, et il risque bien de tout détruire sur son passage. Ne manquent que les gaz de schiste pour couronner le tout, et ce pays magnifique qu’est les Cévennes, sera détruit.

Pour quelle raison ? Produire de l’électricité « propre ». Sauf qu’une fois tout comptabilisé, le site de Gardanne n’est pas rentable.

Dommage, non ?

Reflets restera vigilant sur cette affaire et publiera d’autres éléments. Il y a encore beaucoup à dire sur la centrale à biomasse de Gardanne.

Les clowns de la cyber-sécurité font-ils peur ?

Tuesday 28 October 2014 à 11:19

clown-2Reflets vous parlait récemment des clowns. Et cela a déclenché une passe d’armes dans les commentaires. Aujourd’hui, passons des clowns réels aux clowns de la cyber-sécurité. Comme dans toute branche de la société, il y a aussi des clowns dans le monde de la cyber-sécurité. Il y a les vendeurs d’applications miracles qui protègent des virus passé, présents et futurs. Ceux qui vous assurent une protection garantie à 100% contre toutes les menaces. Il y a aussi les experts qui ont découvert Internet sur le tard mais qui ont la solution à tous vos problèmes, ceux qui paradent et se font une spécialité des effets de manche anxiogènes : « les cyber-pirates Chinois sont à nos portes, l’Elysée a été piraté par les Etats-Unis, le cyber-Pearl Harbor est imminent« .

Et puis il y a les adeptes du deux poids, deux mesures qui s’appuient sur les précédents : le danger étant tel, il faut des lois d’exception et des peines monumentales contre les cyber-méchants-pirates-pédo-nazis-terroristes. Peu importe que les libertés publiques en prennent un coup.

Récidive de clownerie de la part d’Axelle Lemaire, secrétaire d’État chargée du Numérique :

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Il faut poursuivre les cyberdélinquants. Ah ? N’est-ce pas l’une des responsabilités de l’Etat? Au même titre que la poursuite de tout délinquant, sur le fondement de la Loi? D’une Loi juste, impartiale, qui ne s’appuie pas sur l’émotivité, sur un fait divers ? Mais quels cyberdélinquants ? Les gamins qui participent à une DDoS ? Ceux qui remplacent une page d’accueil par un graffiti ? Ceux qui piratent le compte mail ou Facebook de leurs copains/copines ? Ceux qui téléchargent des PDF trouvés via Google ?

Parce que voilà, madame la secrétaire d’Etat, il y a aussi des gens qui géolocalisent les téléphones portables sur les Champs-Elysées :

amesys-champs-elysees

Nous nous trompons peut-être, mais à défaut d’avis contraire de la part d’un avocat, il nous semble que cela est interdit. Il nous semble également étonnant que le patron de Bull ne soit pas franchement inquiété pour son rôle dans la vente d’un outil de surveillance de toute la population libyenne à un terroriste condamné comme tel par la Justice française. Il nous semble étonnant que votre gouvernement n’ait pas réagi à la vente du même outil au Maroc, dont pourtant il ne peut méconnaître les méthodes policière à l’encontre des opposants politiques. Pas plus qu’à la délocalisation de cette activité à Dubaï alors même que ces armes numériques entraient dans le cadre de l’arrangement de  Wassenaar ?

Mais au delà de cet « ongoing episode » des clowns de la cyber-sécurité à tendance « identification des opposants politiques« , il y a aussi, et l’on rejoint le colloque où s’exprimait Axelle Lemaire, les clowns de la cyber-sécurité qui vendent des produits de « sécurité » troués aux ministères, ceux qui vendent leur code source à des entreprises étrangères sans que cela n’inquiète l’Etat qui utilise ces produits, ceux qui commerceraient volontiers avec l’Iran, en dépit d’un avis contraire des autorités françaises, on en passe.

Mme Lemaire, il semble bien qu’il y ait aussi des cyberdélinquants en col blanc.

La France a peur de Bozo le clown…

Wednesday 22 October 2014 à 11:18

Bozo_Clown

Que se passe-t-il ? La France a peur d’un clown. La presse nous explique depuis quelques semaines que des clowns effraient le bon peuple dans le Nord de notre pays. La réponse de la Société ne s’est pas faite attendre. Un jeune homme qui s’était déguisé en clown et avait effrayé des passants a été condamné à six mois de prison avec sursis. Bien entendu, ce genre de blague de potache peut mal tourner. Une personne cardiaque, un policier à la gâchette facile…. tout est possible. Mais tout de même… Six mois de prison ? Pourquoi pas Guantanamo ?

par ailleurs, les impostures et autres caméras cachées n’ont jamais généré de telles peines lorsqu’elles sont réalisées pour des télévisions ou des radios. On a même vu par le passé un animateur radio annoncer l’arrivée des extra-terrestres, provoquant une panique dans la population américaine.

Que nous dit une Société qui condamne les auteurs de blagues de potaches à six mois de prison avec sursis et qui par ailleurs confère une véritable impunité aux membres d’une classe dirigeante dont les exactions sont bien plus nocives pour le reste de la population ?

Tremblez, voici les clowns :