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La justice interdit à Reflets de publier des informations sur Altice

Thursday 6 October 2022 à 11:28

L’effet procès-bâillon a fonctionné mais pas de censure a postériori

Le juge déboute Altice sur une partie de ses demandes, mais nous interdit de publier de nouvelles informations et nous condamne à verser 4.500 euros au groupe de Patrick Drahi

Ce que toute la presse craignait lors de la transposition en droit français de la directive européenne sur le secret des affaires s’est concrétisé ce jeudi 6 octobre 2022.C’est Reflets.info qui ouvre le bal avec une décision du Juge des référés du Tribunal de commerce de Nanterre. Altice et son président Patrick Drahi étaient passablement énervés par nos articles qui détaillent les montages financiers, les dépenses colossales, l’optimisation fiscale à outrance, révélés dans des documents publiés sur Internet par le groupe de ransomware Hive. Aux motifs de la violation du secret des affaires, une société pourrait obtenir une décision de justice interdisant à un journal de traiter un sujet d’intérêt général.

C’est désormais chose faite: à compter de ce jour, il nous est interdit de publier de nouvelles informations.

Si l’on s’en tient à la rédaction de la décision, nous ne pouvons d’ailleurs plus exercer notre métier du tout: «ordonnons à la société Rebuild.sh de ne pas publier sur le site de son journal en ligne «reflets.info» de nouvelles informations. »

D’informations sur quoi? Mystère? Gageons qu’il ne s’agit pas d'une interdiction totale, sur tous les sujets et que cela se cantonne aux informations contenues dans les documents publiés par le groupe Hive. Mais rien n'est moins sûr. Et si nous trouvions une autre source? Cette décision au très intense parfum de censure légale est plus qu’étrange…

Le juge estime par ailleurs qu’il n’y a pas lieu à référé sur les...

Brèves de campagne

Wednesday 5 October 2022 à 13:08

Retour sur la séquence électorale du printemps 2022, un pied dans l’analyse électorale de ses résultats et l’autre dans la rue militante, à Montpellier.

Les élections passent et puis s’oublient. À peine actées, on s’empresse vite de tourner la page et de reprendre une activité normale. Pourtant, on aurait tort de trop vite les laisser de côté. Véritables photographies de l’opinion, révélatrices de tensions dormantes dans la société, elles méritent quand même qu’on y fasse un petit retour. Morceaux choisis.

Plan de bataille

Les militants sont posés à profiter d'une canette de bière sous le pont de Corum. Montpellier est connue pour sa « shlague attitude » et ici, ce petit plaisir n'est pas réservé aux punks à chien. Cela saute aux yeux : les panneaux d'affichage, libres, de ce carrefour stratégique du centre-ville ont été pris par les Zemmouriens. La colle semble encore fraiche... ceux-là ne vont pas rester longtemps ! En ce mardi soir de mars, à minuit, le carrefour est désert.

Et puis arrive un groupe qui passe de l'autre côté du carrefour. Ils sont une dizaine et au moins deux d'entre eux ont un drapeau français sur les épaules. Ils chantent à tue-tête « L'Algérie française », peut-être les colleurs de l'équipe d'en face ? Ils paraissent jeunes, certains semblent passablement éméchés. Ils rejoignent leurs voitures garées un peu plus loin et repartent, non sans avoir cogné à plusieurs reprises sur des « bittes » anti-stationnement. Le temps du ménage est venu et les militants commencent à nettoyer le panneau « Libre Affichage » avec soin.

Ils sont à l'œuvre quand l'un d'entre eux souffle : « Il y a une voiture bizarre là-bas». Une voiture noire rutilante avance au pas de l'autre côté du pont. Ils ramassent alors les débris d'affiches qu'ils ont réussi à décoller. Elle est maintenant en face, de l'autre côté de la route. Une lampe se braque : « Eh, vous ! Vous ne laissez pas ces déchets ici, sur le muret ». Alors que l'un des...

Nevis, un Éden pour Patrick Drahi

Tuesday 4 October 2022 à 19:13

Le patron d’Altice a massivement investi dans cette île des Caraïbes

Son dernier projet ? Allonger la piste de l’aéroport… Trop courte pour faire atterrir ses jets ? Peut-être. Peut-être pas. Mais quoi qu’il en soit, le milliardaire y voit un bon moyen de faire un business rentable de cette histoire. Ses talents de grand homme d'affaires ne sont pas une légende.

Four Season Resort, Nevis - Copie d'écran - Site du domaine

Patrick Drahi s’en était amusé le 2 février dernier au Sénat, lors d’une audience sur la concentration de la propriété des médias en France: «Je dors mieux avec mes 50 milliards de dette, qu'avec les 50.000 que j'avais à mes débuts!». Selon ses propres mots, son groupe serait donc endetté aujourd'hui à hauteur de 50 milliards. Selon le Figaro, SFR ferait face à «une montagne de dette de 23,3 milliards». Tout cela dans un contexte de remontée des taux d’intérêts, ce qui n'aide pas… Mais si son groupe croule sous une «montagne de dette», Patrick Drahi parvient à investir des sommes importantes dans des projets personnels. Nous l’avions raconté, via sa structure Forever, il a acquis pour près d’un milliard d’oeuvres d’art. Selon nos informations, il a aussi investi pour au moins 30 millions de dollars dans la construction d’une villa au sein du luxueux resort Four Seasons de Nevis. Cette petite île de 93 km² considérée (selon Wikipedia) comme un paradis fiscal est située dans les petites Antilles et constitue avec une autre île, l’État de Saint-Christophe-et-Niévès (en français, Nevis se dit Niévès). «L’Eden Estate», la résidence de la famille Drahi, est très en retrait de la plage mais c’est la plus grande du Four Seasons Resort. La famille Drahi est désormais très implantée sur Nevis. À tel point qu’elle a obtenu la nationalité de ce micro-État. Mieux, Patrick Drahi s’est engagé dans un vaste projet: allonger la piste de l’aéroport… Et par un pur hasard,...

Ukraine : la Russie prend une claque

Saturday 1 October 2022 à 17:46

Vladimir Poutine choisit la fuite en avant

Le revers est militaire. Plus de 8.000 km2 ont été libérés et une nouvelle ville stratégique, Lyman, a été reprise aujourd'hui par l'armée ukrainienne. Mais l'affront est aussi politique. Poutine a été obligé de décréter une mobilisation partielle et d'annoncer l'annexion des régions occupées après un simulacre de référendum.

Célébration de l'annexion de territoires ukrainiens sur la place rouge le 30 septembre - Kremlin

C'est en grande pompe ce 30 septembre que Vladimir Poutine a célébré l'annexion de quatre régions d'Ukraine partiellement occupées par l'armée russe : les oblasts de Donetsk, Lukansk, Kherson et Zaporizhzhia, soit près de 100.000 km2. « La victoire sera à nous », a crié le président russe. « Bienvenue à la maison », a-t-il aussi lancé à l'adresse des habitants des territoires ukrainiens annexés, affirmant que la Russie leur ouvrait « son cœur ».

Mais ces festivités n'étaient là que pour masquer l'échec militaire sur le terrain. Un peu comme un joueur de poker sur le point de tout perdre qui augmenterait la mise en espérant que ses adversaires se couchent. Alors que l'armée russe était chassée de la région de Kharkiv et reste en mauvaise posture, des simulacres de référendums dans les région occupées ont été lancés dans l'urgence. En quelques jours, sans même un habillage démocratique, ces votes organisés à la va-vite ont donné des résultats staliniens. La commission électorale centrale de la République populaire de Donetsk (DNR) a affirmé que 99,23 % des électeurs ont soutenu le rattachement de cette région à la Russie, à l'issue du dépouillement des 100 % des bulletins de vote, selon les agences de presse russes. Les résultats des autres régions sont à l'avenant.

8.000 km2 libérés

Revenons sur les événements de ces dernières semaines.

Situation du front en Ukraine au 1er octobre - @War_Mapper
Situation du front en Ukraine au 1er octobre - @War_Mapper

L’armée ukrainienne est passée à l’...

Septembre : fin des vacances, départ en grève

Friday 30 September 2022 à 18:18

A société nouvelle, grévistes nouveaux ? Le mécontentement dans le travail devient mobile et revendique ses multi compétences…

Rémunération et moral en berne, ils sont facteurs, professeurs, agents techniques, psychologues, retraités de la fonction publique... Nous leur avons posé une seule et même question : pourquoi cette journée de grève ? Les réponses tenaient invariablement d’un malaise commun. Écoutons "ILS", écoutons nous…

Une journée de grève à La Rochelle - Reflets

Bien avant la fin du mois ils comptent déjà. ILS, se sont bien sûr ces salariés qui se sont mobilisés ce 29 septembre partout en France. Nous avons suivi l’une des manifestations. Au-delà du problème des salaires, certains ont souhaité nous exposer les contraintes qui rendent leur quotidien professionnel insupportable.

Alain, facteur

Facteur, un métier comme on n'en fait plus? - Reflets
Facteur, un métier comme on n'en fait plus? - Reflets

« Je fais grève pour les salaires, les pensions de retraites et pour défendre le service public ! Aujourd’hui les plus gros sites de tri fonctionnent avec 30 à 40% de personnels intérimaires. Notre direction appelle çà de la force de travail variable : on en a besoin on prend, on en a plus besoin on jette. En 2006 il existait 153 bureaux de poste sur le département, il en reste 58. La Poste se félicite de ce qu’on appelle les -points de contact-, là où vous pouvez acheter des timbres et réceptionner un colis, mais les vrais bureaux, là où les clients reçoivent des mandats, font des versements d’argent, ouvrent des comptes, eux, ils disparaissent continuellement. Les services que je rendais autrefois, gratuitement, comme prendre soin des personnes âgées durant la tournée, sont devenus des prestations payantes pour d’autres sociétés. La direction ne souhaite plus que les facteurs fassent du lien social, tout est minuté, mais vraiment minuté : trois secondes par boîte aux lettres, une minute trente par recommandé, qu’il soit livré au rez-de-chaussée ou au 15ème étage, avec un ascenseur ou...