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Hallucination collective de l’écosystème du Net ?

Friday 8 January 2016 à 14:08

statisticator« C’est quoi tes metrics ? » En voilà une question importante. Dans le monde du marketing Internet, il faut des metrics. Toute action doit être mesurable. Il faut savoir quel est le ROI. Le return on investment. Le retour sur investissement, en français. En d’autres termes, si quelqu’un s’évertue à créer du « jus », du trafic vers un site, pour espérer une « conversion » (en achat, en abonnement à une newsletter, …), il faut pouvoir dire combien ça coûte et combien ça rapporte. Fastoche. En apparence. Les chiffres varient, bien entendu, mais certains avancent par exemple que pour un taux de conversion de 55% dans un magasin classique, on atteint à peine 2% sur un site Web. Dans le monde merveilleux du Net tel qu’il a été investi et accaparé par les hommes et les femmes de marketing, il y a des outils pour mesurer tout cela. Ou plutôt un outil : Google Analytics (Universal Analytics, désormais). Et cet outil est considéré par nos experts en marketing comme étant infaillible. C’est là que ça se gâte.

Dans l’univers parallèle, l’hallucination collective créée par l’écosystème du Web « commercial », celui qui est censé être rentable, il y a des sites Web, des annonceurs, des pubs en ligne, des gens qui cliquent sur les publicités, des gens qui achètent, et tout ça est mesurable grâce à la magie de Google Analytics. Trois millions de visiteurs, 200.000 qui cliquent sur les publicités, 500 qui achètent (la fameuse conversion). Tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes. Sauf que…

Alors qu’en pleine explosion de la nouvelle économie (les années 2000) les sites étaient valorisés par les investisseurs sur le nombre de leurs visiteurs, Zipiz et votre serviteur créaient Statisticator, le super-héros au slip jaune qui cassait cette construction mentale. Tant que tout le monde accepte ce type d’hallucination collective comme une vérité, tout va bien. Le moindre site pouvant annoncer un million de visiteurs par mois est valorisé une fortune. Mais si quelqu’un vient briser cette vérité artificielle, tout s’écroule (l’explosion de la bulle Internet). Statisticator.com participait à cette déconstruction. Nous affichions les véritables statistiques des sites, en regard des déclarations délirantes des gens du marketing, nous proposions des outils pour booster artificiellement les statistiques. Depuis, tout a été dit, ou presque, sur les statistiques, l’exploitation des logs d’un serveur Web. Et pourtant… Tout l’écosystème continue de croire que les visiteurs affichés par Analytics, les clics sur les bannières de pub sont réels. On calcule un ROI sur une campagne et on prend le résultat comme une vérité.

Bienvenue dans la Matrice

Une étude citée par Bloomberg (pas des rigolos excités du Web indépendant) montre que 11% des publicités affichées et presque un quart des vidéos de pub visionnées, le sont par des logiciels, et non pas par des humains.

fake-viewers

Mais le problème ne se limite pas aux logiciels qui affichent des publicités. Nos pros du marketing parviennent, une fois poussés dans leurs retranchements, a accepter l’idée que Google Analytics ne soit pas d’une précision totale : « OK, mais au moins ça donne une tendance générale, sur plusieurs mois, tu peux voir l’évolution de ton audience« . Notez que selon Wikipedia, 80% des sites mesurent leur audience avec cet outil. Une tendance générale… Prenons un exemple concret. Reflets.info mesurait son audience avec Google Analytics. Nous avons choisi de changer d’outil. Pour une raison n’ayant rien à voir avec sa précision. Nous voulions arrêter de communiquer à une entreprise les choix de lecture de nos visiteurs. Nous avons donc opté pour le même type d’outil, mais hébergé par nous-mêmes. Tout est désormais fait en local. Les visiteurs et les logs de Reflets.info restent les mêmes. Seuls change l’outil de mesure des stats. Et voyez-vous, c’est là que ça devient drôle : le nombre de visiteurs a pratiquement été divisé par deux. Pourtant, nous n’avons pas perdu la moitié de notre lectorat en une journée. Il y a donc bien quelque chose de complètement pourri débile au pays des outils de stats Internet.

Si nous étions des pros du marketing et des « campagnes », nous serions bien embêtés. Notre ROI ne voudrait plus rien dire tant la variation est importante.

Chaque jour, dans des agences de com’, chez les annonceurs, les « clients », on ingurgite des chiffres totalement bidons, en les prenant pour argent comptant. C’est un cas d’hallucination collective volontaire.

Parfois, l’hallucination est même très volontaire.

Sur Internet, personne ne sait que tu es un chien

dog

Bien entendu, il existe des machins comme l’OJD, qui sont chargés de certifier les chiffres. On voit des journaux en ligne annoncer des millions de visiteurs tout à fait certifiés. Pourtant…

La palette d’outils de trucage d’amélioration est infinie.

iframes, auto-refresh, bots, trafic acheté, tout ou presque est possible. Advertise.com, par exemple dirige jusqu’à 300 millions de visiteurs sur les sites qui leur achètent ce flux. Ça en fait des visiteurs de grande qualité. Ne parlons même pas de Taboola

Peu importe si les millions de visiteurs ne se reflètent pas (du tout) dans le nombre de commentaires, dans les retweets ou les likes d’articles, dans la participation aux sondages. L’important, c’est le chiffre certifié, l’hallucination collective volontaire… Rapport au ROI, #toussa…

 

Politique : sortez les vieux, faites entrer… les vieux

Monday 4 January 2016 à 19:54

Darwin_Award18Non, 2016 ne sera probablement pas une meilleure année que 2015. A la lecture du dernier sondage au doigt mouillé publié, on pouvait imaginer que les Français avaient enfin muté. Enfin, ils voulaient sortir les sortants. Fini, adieu, ras-le-bol. Ni François Hollande, ni Nicolas Sarkozy. Ils ne voulaient plus de ces hommes qui ont fait de la politique une profession, un accessoire permettant de capter le pouvoir. Ter-mi-né. Il faut de nouveaux visages. Et qui plébiscitent-ils ?

Alain Juppé et Emmanuel Macron

C’est à se demander si le suffrage capacitaire ne serait finalement pas une condition nécessaire pour un bon exercice de la Démocratie. Malheureusement, rien n’étant parfait en ce monde, cela finirait par créer ses propres turpitudes. Et pourtant…

Comment peut-on, en 2016, plébisciter un homme comme Alain Juppé, né en politique dans les années 70 ! Soit les Français interrogés ont oublié, soit ils sont trop jeunes pour se souvenir… Soit ils sont idiots…

Alain Juppé, un homme neuf, donc. Ou presque. Un très proche de Jacques Chirac, tellement proche qu’il avait pris sur lui les dérives de son champion et avait été condamné pour cela… Sans même parler des petits arrangements personnels pour améliorer le quotidien de son fils aux frais de la collectivité. Un homme dont les convictions et le programme n’a rien à envier à celui d’un Nicolas Sarkozy. Un homme qui qualifiait le correspondant d’une chaine de télévision publique française à Moscou de « rouge« . Il était alors ministre de Sa Suffisance Edouard Balladur (au siècle dernier) Il lui glissait cela à l’oreille pendant une conférence de presse, oubliant les micros ouverts posés sur la table devant lui.

A bien y regarder, c’est presque pathétique de penser que le destin éventuel d’Alain Juppé ne repose que sur la détestation par l’électorat de Nicolas Sarkozy et de François Hollande. Élu, il ne devrait son succès qu’à la saturation des électeurs. Et non pas à ses éventuelles qualités personnelles.

Mais une fois encore, les Français voteraient pour un homme par dépit, par exaspération. Pas en raison de ses qualités, de ses actes. Ils voteraient donc avec leurs pieds, et non pas avec le cerveau. Il faut dire à leur décharge que l’on ne peut même plus espérer voter pour des programmes, tant il a été prouvé qu’ils ne sont jamais appliqués.

Macron : plus neuf, tu meurs…

C’est même le contraire qui se produit. Les Français ont élu François Hollande sur des promesses de changement radical. Il fallait écarter Nicolas Sarkozy et sa politique chaque jour plus réactionnaire. Le virage extrême-droitier insufflé par son très cher conseiller de l’ombre Patrick Buisson était repoussé. Mais aussi la tendance ultra-libérale du président sortant, ses amitiés dangereuses avec le monde de la finance et de l’industrie. Son désir d’argent, de bling-bling pendant que la majorité de la population sombrait chaque jour un peu plus dans la précarité. De tout cela, il fallait faire table rase, et François Hollande le promettait. Las… L’inverse se produisit. Le tout, avec la complicité très active d’un certain… Emmanuel Macron. L’homme neuf qui vous fait une politique ultra-libérale avec un pin’s du Parti Socialiste accroché à son costume.

Franchement, qui mieux qu’Alain Juppé ou Emmanuel Macron pour incarner le renouvèlement de la classe politique ? Des hommes d’avenir, neufs, vierges, pétris de sens du service public, tout entiers dédiés à leurs concitoyens, de manière totalement désintéressée. Chers compatriotes (en tout cas les 1042 personnes interrogées par Internet), vous avez fait preuve d’une lucidité déconcertante et -il faut l’avouer, cela réconcilie avec le concept de Démocratie.

 

Notre premier ministre est aussi conseiller municipal…

Friday 1 January 2016 à 16:05

Ca ne s’invente pas, c’est typiquement français, c’est beau et émouvant à la fois. Oui, Manuel Valls, l’homme qui dirige un gouvernement pour « moi président »( celui qui a promis d’abolir le cumul des mandats), cumule lui-même le poste de premier ministre et de conseiller municipale de la ville d’Evry.

valls-conseiller-municipal

Il ne peut rien toucher en espèces sonnantes et trébuchantes, il y a des plafonds, mais la place est là, bien chaude.

Durant ce temps-là, Le Drian est président de région en plus d’être ministre de la Défense.

Cette nouvelle gauche socialiste d’union nationale est quand même très forte !

« Allons zenfants de la paaaaaatrieeeuuuuuhhh, le jour de gloireuuuuuhh… »

 

Bonne année !

Bilan PS : la liste des pratiques politiques de la (nouvelle) gauche

Tuesday 22 December 2015 à 18:20

bilan-PS

Le site bilan-ps.fr est une initiative amusante et glaçante à la fois, qui recense toutes les initiatives, les lois, déclarations du gouvernement socialiste depuis l’élection de François Hollande en mai 2012. Il est assez fascinant d’observer cette liste à la Prévert de renoncements, dérives purement droitières et autoritaires que ce gouvernement qui se veut progressiste et social a mis en place en mois d’un quinquennat. En réalité, Nicolas Sarkozy, s’il avait été réélu, n’aurait certainement pas fait autre chose. Le clivage droite/gauche a-t-il encore un sens en France, lorsque l’on parle des deux grands partis de gouvernement qui le définissent ?

Le compte Twitter de bilan-ps.fr est :

La liste ci-dessous, tirée du site bilan-ps.fr, ne représente qu’un instant « T » du bilan gouvernemental du Parti socialiste au pouvoir depuis 3 ans et demi. Elle risque d’évoluer. N’hésitez pas à aller la consulter fréquemment.

Liste

lundi 14 décembre 2015

(Les ajouts récents sont signalés par une pastille rouge pastille rouge )

sécurité

Concernant les dérives de l’état d’urgence,
voir le wiki de La Quadrature Du Net
  • État d’urgence étendu à 3 mois (source)
  • Projet d’extension à 6 mois & inscription dans la Constitution (source)
  • Interdiction des manifestations non commerciales (source)
  • Assignation à résidence d’opposants (source)
  • Déchéance de nationalité (source)
  • Stigmatisation des Roms (source)
  • Fermeture des frontières aux réfugiés syriens (30.000 en 2 ans) (source)
  • Surveillance massive des citoyens (source)
  • Vote avec l’UMP contre un amendement de Taubira sur la Loi Renseignement (source)
  • En projet : Supprimer les wifi publics, interdire TOR (source)
  • Envisage la privation de liberté à titre préventif (source)
  • Fin de la présomption d’innocence (source)
  • Extension de la présomption de légitime défense pour la police (source)
  • Suspension de la Convention Européenne des Droits de Homme (source)
  • Armement des polices municipales (source)

fiscalité

  • CICE en rythme de croisière : 40 milliards par an (source)
  • Pacte de Responsabilité (source)
    • Plus forte exonération de « charges » de la Vè République (source)
    • – 6,3 milliards pour la protection sociale (Source)
  • Le bouclier fiscal de Hollande (source)
  • Maintien du Crédit Impôt Recherche (5,5 Mds€/an) (source)
    • Interdiction de publication du rapport (pdf)
  • 40Mds € de dividendes pour le CAC40 en 2014 (source)
  • Maintien des niches fiscales (source)
  • ISF : le gouvernement ne taxera pas les œuvres d’art (source)
  • Entraves à la taxe sur les transactions financières (source)
  • Abandon de la « grande réforme fiscale » Ayrault (source)
  • pastille rouge Recul sur l’alignement de la fiscalité du capital sur celle du travail (source)
  • pastille rouge Recul sur l’instauration d’une taxe sur l’excédent brut d’exploitation (source)
  • Valls regrette la hausse (symbolique) des impôts des plus riches (Source)
  • Pas de séparation banques de dépôt / d’investissement (source)
  • Transfert du risque de faillite bancaire sur les déposants (source)
  • Prolongation des concessions autoroutières (source)
  • Vote du TSCG sans renégociation (source)
    • Le gouvernement privé de latitude (source)
  • Hausse de la TVA de 19,6 à 20% et de 7 à 10% (source)
  • Abandon de l’encadrement des bonus (source)
  • Multiplication des Partenariats Public-Privé (source)
  • Contrôle des frais des députés, avis défavorable d’Eckert, rejeté (source)
  • pastille rouge Rejet du « reporting public » sur demande de C. Eckert (source 1) (source 2) .***

travail, salariat

  • Criminalisation de l’action syndicale (source)
  • Torpillage de la loi d’amnistie sociale votée au sénat (source)
  • Loi « Florange » inefficace et vide (Goodyear, Fralib, Petroplus) (source)
  • Répression pour la Confédération Paysanne, mansuétude pour la FNSEA (source)
  • Air France : 100 millions d’€ de CICE en 2 ans = 3000 emplois supprimés (Source)
  • Hausse du chômage (source)
  • Démantèlement du droit du travail (ANI)
    • loi de sécurisation de l’emploi : la prescription sur les salaires passe de 5 à 3 ans (source)
    • inclut amendement pour l’enfouissement des déchets radioactifs (source)
    • Différé d’indemnisation de 180 jours pour rupture conventionnelle (source)
    • Mutuelle d’entreprise obligatoire (2Mds€ pour 400.000 personnes) (source)
  • Sapin appelle les entreprises à ne pas augmenter les salaires trop vite (source)
  • Pas de loi limitant les rémunérations des patrons (source)
  • Destruction du Code du Travail (source)
    • [objectif] Privilégier les accords d’entreprise, au détriment de la loi (source)
  • Généralisation du travail du dimanche, (source)
    • pastille rouge La Poste expérimente la livraison de colis le dimanche (source)
  • Ouverture des magasins de nuit (source)
  • Loi Rebsamen :
    • CDD renouvelable 2 fois (source)
    • Fragilisation des CE & CHSCT (source)
    • pastille rouge Fin de l’obligation pour l’employeur de proposer un reclassement en cas d’inaptitude professionnelle (source) (résumé)
    • Prime d’activité : moins d’aide pour les plus fragiles (RSA activité et PPE) (source)
  • Création du CDI intermittent (source) (voir aussi Légifrance)
  • Ouverture de l’apprentissage aux chômeurs de longue durée [Statut inconnu] (source)
  • Destruction de l’Inspection du Travail (source)
  • Suppression des élections prud’hommales (source)
  • Plafonnement des indemnités de prud’hommes (source)
  • Condamnation d’une inspectrice du travail (Téfal) (source)
  • Facilitation des licenciements collectifs (source)
  • [Projet] Encourager les emplois de service (« trappes à bas salaires ») (source)
  • [Projet] Formation : Valls demande des contreparties aux chômeurs (source)
  • pastille rouge Précarité : Explosion de l’intérim : +10% en un an (source 1) (source 2)

solidarité

  • Durée de cotisation retraite portée à 43 ans (source)
  • Loi Macron 2 (Noe) : mise en place de fonds de pension (source)
  • Chasse aux chômeurs (source)
  • Fraude aux cotisations sociales (25Mds/an) : aucune action (source)
  • non-revalorisation du SMIC (source)
  • Gel du point d’indice des fonctionnaires (Source)
  • Pas de baisse de la précarité dans la fonction publique (source)
  • Hôpitaux : suppression de 22.000 postes en 3 ans (source)
  • Gel des retraites >1200€ et décalage de 6 mois de la revalorisation (source)
  • Hausse de l’allocation handicapés de 7€ [sept] (source)
  • Prime exceptionnelle (sic) de 40€ pour les retraites les plus faibles (source)
  • Baisse de la rémunération du Livret A (source)
  • Abandon de la réglementation sur l’accessibilité aux handicapés (source)
  • Baisse de la prestation de compensation du Handicap (source)
  • Baisse du montant des APL (source)
  • pastille rouge Réduction des aides au logement des jeunes travailleurs précaires (source)
  • Ouverture des centres d’hébergement seulement par -5°C (source)
  • Retrait du Burn-out de la liste des maladies professionnelles (source)
  • Pas retour sur les franchises de soins (source)
  • Loi fin de vie vidée (en attente de CMP) (source)
  • pastille rouge Remise en cause du droit au séjour pour soins (source 1) (source 2)

international

  • Valls invite les saoudiens à investir en France (source)
  • Vente de Rafales aux pétromonarchies (source)
  • Annulation du contrat Mistral avec la Russie, et vente à l’Égypte (source)
  • Le PS soutient Juncker à la présidence de la Commission Européenne (source)
  • Hollande pousse Tsipras à accepter un accord avec la Troïka (source)
  • TAFTA : négociations secrètes (source)
    • ISDS : Un tribunal privé (source)
  • Refus du droit d’asile pour Assange et Snowden (source)
  • Interdiction de survol de l’espace aérien pour le président Evo Morales (source)
  • Illégalité du mouvement BDS (source)
  • Guerre au Mali (source)

transports & écologie

  • Aéroport Notre-Dame-Des-Landes (source)
  • Futures lignes TGV et LGV inutiles (source)
  • SNCF : suppression de 1400 emplois en 2016 (source)
  • Désinvestissement dans la SNCF (source)
  • Abandon du fret ferroviaire (source)
  • Hausse du tonnage des camions (source)
  • Davantage d’autocars sur les routes (source)
  • Privatisation des aéroports (source)
  • Renoncement à la fermeture de Fessenheim (source)
  • Réduction de 25% des aides au maintien dans l’agriculture biologique (source)
  • Élevage : à la botte de la FNSEA (source)
  • Ajournement du rapport de l’ADEME (pdf ici) sur une France 100% renouvelable (source)
  • Industrialisation de l’agriculture (source)
  • Retrait de l’écotaxe (source)
  • À peine née, baisse de l’indemnité kilométrique vélo (IKV) (source)
  • Silence sur les extensions d’autorisation d’OGM (source)
  • Privatisation des barrages hydro électriques (source)
  • Mort de Rémi Fraisse à Sivens (source)

éducation, culture

  • Retour sur l’engagement à sanctuariser le budget de la Culture (source)
  • Loi Fioraso (LRU 2) Universités à vendre (source)
  • pastille rouge Mise en place chaotique et inégalitaire des TAP en primaire (source)
  • pastille rouge Le MEN enterre le Logiciel Libre et « vend » les élèves à Microsoft pour 13 M€ (source)
  • Réforme du collège :
    • Autonomie pour 20% des horaires disciplinaires (source)
    • Mise en concurrence des établissements (source)
    • Baisse des moyens (source)
    • Suppression du Latin, du Grec et des classes bilangues européennes (source)

divers

  • pastille rouge Suppression de la publicité dans les programmes jeunesse : Enterrée (source)
  • Loi ALUR vidée de sa substance (source 1) (source 2)
  • Hollande satisfait du résultat du 1er tour des élections régionales (source)
  • Désistement et appel à voter pour la droite (source)
  • Renoncement au vote des étrangers (Source)
  • Thevenoud, Cahuzac, Kader Arif
  • Appels à la délation (fraude fiscale) (source)
  • Projet de créer une loi sur le secret des affaires (source)
  • 3 recours à l’article 49.3 en un an (source)
  • Budget Sécurité sociale : suspension des votes à l’Assemblée (source)
  • Des enfants en zone d’attente aéroportuaire (source)
  • pastille rouge Comptes de campagne : Contrôles pendant 6 mois au lieu de 12 (source)
  • pastille rouge Maintien de la Cour de Justice de la République (source)
  • pastille rouge Préparation d’une « Alliance », sans PCF ni EELV (source)
  • pastille rouge Marchandisation du sang ; interdiction pour l’ESF de fabriquer du plasma thérapeutique (source 1) (source 2)
  • pastille rouge Le Drian : Cumul des fonctions de ministre et de président de région (source)

Capitalisme de prédation : le chantage comme mode de gouvernance

Sunday 20 December 2015 à 17:18

cac40

Depuis 2008, le monde de l’économie réelle est plongé dans une situation inextricable, aux contours inquiétants. Cette situation est appelée « crise ». Les pays moteurs de croissance et leurs institutions financières affirment vouloir endiguer une cascade de phénomènes — potentiellement systémiques — pouvant écrouler le système économique mondialisé. Sans succès. La machine est grippée : les méthodes de relance sont contreproductives. Pourtant, la finance continue à très bien se porter. Le « petit monde » de l’économie libérale ne va pas du tout mal.
La gouvernance économique actuelle continue donc d’étrangler la majorité des populations des pays développés. La volonté des gouvernants est-elle véritablement de permettre un redressement économique tendant vers le plein emploi, un amoindrissement des inégalités, ou bien de maintenir le modèle actuel à tout prix ?

Statu-quo du modèle

Le capitalisme moderne et mondialisé, mis en place depuis une vingtaine d’années en grande partie par le biais de l’OMC, du FMI et de la Banque mondiale, est basé sur quelques principes simples, déclarés — par ceux qui l’ont mis en en place — comme incontournables. Le but affiché est « d’améliorer l’efficacité économique », donc d’accroitre les richesses, et par là même, le confort et la protection des populations. Ces grands principes ont été renouvelés à chaque round de l’OMC au cours des années 1990 : baisse des barrières douanières, dérégulations du plus grand nombre de secteurs de production, privatisation des entreprises d’Etat ou des services publics considérés comme non rentables, dérégulation financière, avec pour conséquence l’abolition des cadres de protections bancaires et la permission implicite de constitutions de monopoles.
Ce modèle économique, basé sur le laisser-faire, la libre circulation des capitaux et l’auto-régulation des marchés, a mené au retrait des Etats en tant qu’arbitres et acteurs majeurs de la gouvernance économique, puis par ricochet, sociale, et finalement, politique. Ce modèle n’est libéral que sur le droit international des entreprises et de la finance mondialisée. Il n’offre des libertés qu’aux flux financiers, aux multinationales, et au final, aux possesseurs de capitaux, à l’échelle d’une planète.
Si des réglementations sont mises en place — au sein de l’Union européenne par exemple — elles ne peuvent pour autant, en aucune manière, aller contre les grands principes établis du modèle libéral en question : la libre-concurrence, la liberté de circulation des capitaux, et l’interdiction d’ingérence des Etats au sein de ces phénomènes. Le modèle économique actuel — libéral et mondialisé — est donc dans une sorte de statu-quo, un consensus entre les grandes puissances, maintenu tel qu’il est, à l’aide des institutions supra-nationales que sont le FMI, l’OMC (et son tribunal), la Banque mondiale, et par effets de bord, avec l’ONU et ses diverses émanations.

Du libéralisme mondialisé au capitalisme de prédation planétaire

Ce modèle libéral et mondialisé mis en place depuis le milieu des années 90 a atteint son apogée en 2007. Les économies développées tournaient à plein à régime, les USA en tête, poussées par le développement des pays émergents, la Chine en premier. Mais cette apogée [particulièrement au sein des sociétés occidentales] n’était pas causée par le simple développement de l’économie réelle, de la production, et du simple accroissement des échanges de biens et services. Ce pic dans la mondialisation était avant tout soutenu par le crédit bancaire. Via des produits financiers complexes, opaques, et vendus dans des proportions jusque là inconnues.
La crise des « Subprimes », déclenchée par des banques Etatsuniennes s’est répandue sur la planète financière, puis bancaire, avec pour conséquence la volatilisation de milliers de milliards de dollars virtuels, entièrement créés par la sphère des marchés financiers. La chute inédite d’un des fleurons des « méta-banques », Lehman Brothers, a fait craindre un effet domino, aussitôt contré par des décisions politiques concertées… de renflouements des groupes financiers au bord du gouffre… par l’argent des Etats, donc de l’argent public.

Le système libéral produit des « règles » qu’il ne suit plus quand il atteint ses propres limites : les fleurons privés de ce système privatisent les bénéfices au détriment des salariés, mais acceptent l’argent public pour les sauver de la banqueroute, dès qu’ils l’estiment nécessaire. Privatisation des bénéfices, collectivisation des pertes.

Malgré 7 années de croissance économique presque nulle, voire de périodes de récessions pour certains Etats, des millions de personnes mises au chômage, les entreprises géantes de la finance internationale, les marchés financiers et leurs fonds d’investissements se portent toujours très bien aujourd’hui. L’économie réelle, elle, est atone, si l’on se positionne uniquement du côté des petite et des moyennes entreprises (non mondialisées), des artisans, et des salariés.

La réalité est pourtant toute autre que celle analysée par les experts de l’économie libérale, puisqu’en réalité, le capitalisme de prédation s’est développé de façon massive, et pratique ce qu’il sait faire le mieux : le chantage.

Engranger le maximum de bénéfices puis faire du chantage en prétextant la crise

Sans pompe à crédit très forte, le système capitaliste libéralisé — particulièrement depuis 2008 — s’écroule. Les grandes puissances qui l’activent le savent très bien, d’où la mise en place de politiques monétaires accommodantes et « non-conventionnelles » via leurs banques centrales : les quantitative easing, (« assouplissement monétaire »). En langage clair : des lignes de crédits colossales aux banques à des taux proches de zéro en échange d’obligations d’Etat. Les Etats-Unis ont ainsi injecté près de 6000 milliards de dollars depuis 2008, le Japon fait de même depuis les années 2000, et la Banque Centrale européenne suit le mouvement depuis près d’un an.

Ces politiques maintiennent la finance internationales à flots, mais incite à la spéculation et n’oblige en rien à relancer le secteur privé par des prêts à l’investissement ou à la consommation. Si les banques et les investisseurs craignent d’investir, l’argent à beau couler à flots, mieux vaut placer ces emprunts à taux préférentiels dans des produits financiers très rentables et basés sur la spéculation. Ce qu’ils font.

Les multinationales étendent leur business sur des secteurs hautement rentables, le plus souvent monopolistiques (ou par ententes sur  les prix entre « concurrents ») vendus sur la planète entière et adossés à d’autres, purement financiers. Filiales, paradis fiscaux, optimisation et évasion fiscale, multi-activités monopolistiques, les « géantes » sont en pleine forme. Mais comme les finances des Etats, elles, se portent mal — puisque les rentrées fiscales sont faibles de par le ralentissement de l’économie réelle — ainsi que les citoyens qui les constituent, il est alors intéressant pour ces entreprises mondialisée de venir pratiquer un chantage très utile et récurent : l’abaissement des protections sociales. Pour quelles raisons affichées ? Préserver des emplois entièrement conditionnés à un phénomène : la compétitivité.

La maximisation des profits est au cœur du système du capitalisme de prédation. L’objectif avéré et permanent des acteurs de ce système n’est rien d’autre que celui d’abaisser les coûts, produire et vendre le plus possible en augmentant les marges bénéficiaires afin d’offrir les dividendes les plus élevés à leurs actionnaires. A n’importe quel prix : la fin justifie les moyens.

L’économie capitaliste, nationale, elle, a besoin en permanence d’accroitre la richesse globale produite pour maintenir ses dépenses publiques et les différentes protections sociales des habitants qui constituent les Etats. Cette économie voit donc les profits du secteur privé mondialisé augmenter, et les rentrées fiscales étatiques, baisser.

Ce phénomène, en réalité ne gêne absolument pas le capitalisme de prédation, ni les dirigeants politiques du capitalisme national, au contraire. Le cas de l’usine Smart et son référendum interne pour changer le droit du travail est à ce titre très parlant :

smart-referndum

Le groupe à la tête de cette usine demande à ses salariés d’accepter de modifier leur contrat de travail afin de travailler plus d’heures sans augmentation de salaire et perdre des acquis sociaux issus de la réduction du temps de travail (jours de RTT). L’entreprise prédatrice Daimler contourne la représentation syndicale — et la loi du pays qui l’accueille — en effectuant un référendum interne, avec la menace de délocaliser l’usine dans un pays de l’Est si les employés n’acceptaient pas cette nouvelle règle de la durée de travail.

Les nombreux soutiens du système libéral mondialisé défendent le chantage de la multinationale, comme à leur habitude, par le principe de la compétitivité, et l’obligation de rentabilité que doit avoir Daimler. Le seul problème avec cette approche, est que Daimler est ultra-bénéficiaire en 2015 :

daimler

Daimler était aussi ultra-bénéficiaire en 2014 :

daimler-2014

La classe dirigeante des prédateurs

Les discours des dirigeants politiques, économiques et médiatiques sur la nécessité de créer de l’emploi, de faire baisser le chômage ne sont là que pour une seule chose : laisser croire que la paupérisation des populations par la faiblesse de l’économie réelle serait de leur ressort et les préoccuperaient. La réalité est toute autre, puisque ces dirigeants ont parfaitement vérifié — de façon plutôt stupéfiante — depuis 2008, qu’il était parfaitement possible de continuer sur la même voie, sans aucun problème particulier pour les maîtres du système, les marchés financiers et leurs soldats, les multinationales. Les salaires des grands patrons français et de leurs cadres continuent d’augmenter de façon indécente, les ténors des médias continuent de parader [sur les écrans les ondes et les pages des journaux] et s’engraissent de leurs analyses bien huilées : cette « crise », entretenue, gérée, est du pain béni pour eux tous, qui continuent de s’enrichir et augmentent leur confort.

Les modèles monopolistiques prédateurs sont en pleine expansion : médias possédés à plus de 80% par quelques grands patrons du CAC 40, système de réservations hôtelière en ligne entre les mains d’une seul entreprise, VTC, énergie, manuels scolaires, gestion de l’eau, des autoroutes, médicaments, grande distribution, télécommunications, tous engrangent des bénéfices massifs en évitant soigneusement de se blesser mutuellement — quand ce pourrait être le cas — et pratiquent allègrement la prédation économique.

Les dirigeants des structures privées de prédations sortent des mêmes écoles et proviennent des mêmes milieux socio-économiques que les élites politiques, élites vite recasées chez leurs amis du privé quand elles perdent des élections ou un poste dans la « fonction publique ». Les prédateurs s’échangent leurs cartes de visite, fréquentent les mêmes hôtels et restaurants de luxe, cachent leurs économies dans les mêmes paradis fiscaux et partagent les mêmes bénéfices. En espèces sonnantes et trébuchantes ou en avantages et privilèges, quand la discrétion le nécessite pour éviter les rares attaques sur les conflits d’intérêts ou le détournement de bien sociaux qui peuvent parfois survenir.

Il est ainsi très difficile de croire que ces politiques et règles économiques libérales ont été créées en dépit du bon sens, qu’elles seraient le fruit d’erreurs d’analyses de la part des dirigeants. Elles sont au contraire une méthode parfaite pour mettre en coupe la planète et maintenir ainsi les populations dans une situation de vassalité permanente. Les prédateurs ont compris qu’entretenir la crainte, la peur, et exercer le chantage fonctionnait parfaitement pour leur permettre de continuer à exercer ce qu’ils savent mieux le faire : la prédation.