Economie ludique (partie 1) : la gestion agricole avec Monster World

Qui a dit que les social games ne pouvaient pas illustrer des sujets souvent jugés barbants comme l'économie ? Illustration des bases de la gestion agricole avec Monster World !

Un des jeux phares du réseau social Google+ est le "Farmville-like" Monster World. Au-delà de l'évident hommage au fameux "Il faut cultiver notre jardin" de Candide, le jeu nous apprend à gérer notre petite entreprise virtuelle.

Les bases

Le jardin correspond à une exploitation agricole

Première minute du niveau 1. Ca commence plutôt bien : vous êtes l'heureux possesseur d'un jardin de six parcelles cultivables.

Dans la vraie vie, vous auriez dû faire une étude de marché, déclarer votre exploitation, obtenir un prêt à la banque, trouver des terres avant d'enfin en arriver là. Ou bien l'hériter d'un parent !

Ce grand jardin et ses parcelles cultivables peuvent être agrandis au cours de la progression du joueur, et les cultures diversifiées, comme pour une vraie exploitation agricole.

Ce qui manque pour être vrai

  • les impôts et le loyer, rien que ça ! Le cadre de Monster World correspond grosso modo à un Monaco rural où il ne vous sera jamais demandé de comptes. En France, un agriculteur est soumis aux Bénéfices Agricoles, un type spécial d'impôt sur le revenu.
  • la position de monopole. En agriculture, c'est impossible d'être le seul à produire des légumes et fruits !

Bref, en bon Florent Pagny des champs, vous êtes bien seul dans votre désert de paradis fiscal.

Les plantes sont les matières premières

Un rapide didacticiel vous explique ensuite comment cultiver vos plantes : planter, attendre, récolter.

Chaque plante a son temps de maturation, un nombre de plantes récoltées et des points d'expérience fixes.

Les buissons limonades, fleurs en cœur et autres arbres sucre d'orge correspondent aux matières premières : elles peuvent être vendues à prix fixe au marché comme simples denrées ou mixées entre elles pour faire différents produits.

Ce qui manque pour être vrai

  • le cours des matières premières. Il fait varier les prix en fonction des stocks agricoles, de la demande, des prix des différents pays, et peuvent se révéler calamiteux pour les agriculteurs quand les prix ne suivent pas.
  • la tentation des Organismes Génétiquement Modifiés (OGM). Vendus à bas coût, ils peuvent remplacer les semences naturelles. Dangers pour la santé, dépendance aux compagnies productrices, le cocktail est détonnant.

Robert et Roberta, des clients vachement sympas

Ces deux robots font la paire, toujours collés à l'entrée du jardin en attendant patiemment que vous leurs fournissiez matières premières ou produits. En échange, vous récoltez pièces et expérience !

Comme dans la vraie vie, vous avec toujours un temps limité pour accéder à une commande.

Ce qui manque pour être vrai

  •  le caractère parfois impétueux des clients. Dans Monster World, vous pouvez ne pas répondre à dix commandes à la suite, Robert et Roberta reviendront quand même tout contents.

L'arroseur, un employé jamais arrosé

Très vite, les plantes ont besoin d'eau. L'occasion rêvée pour désigner un contact comme arroseur attitré !

Comme un vrai employé, il faut payer ses services, étalés sur une durée maximum de 24 heures.

Et si par malheur l'arroseur n'est pas nourri, il va purement et simplement réduire la récolte en miettes en mangeant tout !

Ce qui manque pour être vrai

  •  l'ancienneté pas prise en compte dans le salaire. Un salaire évolue tôt ou tard (plutôt tard ces derniers temps), en fonction des services rendus et de l'ancienneté de l'employé.

La vitesse supérieure

Vous avez votre jardin, vous cultivez, vous vendez, tout se passe bien. Mais il y a encore quelques notions un peu plus complexes que l'on a pas encore évoquées.

Les agrandissements, décorations, machines, des investissements déguisés

Plus la machine tourne, plus le besoin de s'étendre se fait ressentir.

D'abord, il faut élargir son jardin et ses parcelles cultivables. Faisable d'un simple clic, mais il y a un inconvénient.

Si vous n'avez pas assez de "points bien-être", vos parcelles se mettent en grève. Vous êtes alors obligé d'investir, en achetant des décorations dans la boutique.

Chaque décoration vous amène points bien-être et expérience. Ouf, on a évité le pire !

Ce qui manque pour être vrai

  • les dettes. Qui dit investissement évoque éventuellement un prêt, et donc une dette à rembourser auprès d'un créancier. Sur Monster World on ne s'embête pas : pas d'argent, pas d'investissement.
  •  un retour sur investissement quantifiable. Grande marotte de tout exploitant qui se respecte, il est l'un des facteurs qui font dire "on y va". Sans possibilité de le mesurer concrètement, ce sera "on n'y va pas" !

Les missions, appels d'offres de Monster World

Le jeu vous propose également des missions pour pimenter un peu le tout.

Typiquement, ça peut être "Récolter 80 Buissons génie", "Fertilisez 10 plantes dans le jardin de vos amis", etc...

Si vous accomplissez la mission, vous accumulez pièces et expériences avant que de nouvelles tâches prennent le relais.

Ce système de "super commande" évoque les appels d'offres. La réponse à différents appels d'offres est un moyen courant pour une entreprise de se développer. A condition bien sûr de remporter lesdits appels !

Ce qui manque pour être vrai

  •  le temps illimité pour répondre aux missions. Un commanditaire qui lance un appel d'offres est évidemment pressé par le temps et l'entreprise intéressée doit ce plier à ce calendrier. Sur Monster World, il n'y a pas cette contrainte.
  • l'absence de concurrence. Le principal intérêt pour une entreprise, institution, groupe de lancer un appel d'offres est précisément de confronter plusieurs offres pour voir laquelle est le plus profitable (vitesse d'exécution, coût, qualité, etc...). Sans concurrents, le jeu est évidemment truqué !

Deux monnaies, l'une virtuelle, l'autre réelle, pour un enjeu virtuel

Le nerf de la guerre revêt deux formes dans Monster World.

Il y a d'abord les pièces, la monnaie virtuelle qu'on obtient par la vente ou l'exécution de missions.

A côté, il y a le Monster Cash (MC), une ressource accessible uniquement en payant avec de l'argent réel.

D'un point de vue réel, le MC est indexé sur le dollar, et son cours peut donc varier quand on paie dans une autre monnaie. Par exemple, avec 1€=1,3$ aujourd'hui, on peut avoir proportionnellement plus de MC en payant en euros plutôt qu'en dollars.

D'un point de vue virtuel, le MC correspond à une monnaie parallèle, comme ces jetons qu'on achète aux festivals pour pouvoir se payer des bières. Dans le jeu, les MC permettent d'obtenir des décorations exclusives.

A noter que les deux monnaies de Monster World ne peuvent pas s'échanger. Forcément, le modèle économique repose justement sur cette monnaie virtuelle achetée avec des vrais sous !

Ce qui manque pour être vrai

  •  les autres monnaies. Là, ça ressemble un peu  à une économie soviétique.

Les fruits de l'expérience, allégorie de l'innovation

Plus vous récoltez, ou vendez à Robert et Roberta, plus vous accumulez des points d'expérience et gagnez des niveaux.

Et à chaque niveau, vous décrochez un jackpot : nouvelle plante, nouvelles décorations...

L'horizon des possibles s'élargit avec le temps et l'expérience. Hourrah, l'innovation est là ! Et sans avoir besoin de débourser un sou dans un département Recherche et Développement, ou dans des expérimentations agricoles !

Ce qui manque pour être vrai

  •  le département Recherche et Développement :-).

Les stratégies

Ouf, c'était dur au début mais vous commencez à bien maîtriser les bases et les notions plus complexes. Vous êtes donc mûr pour devenir un stratège.

La réduction du coût du travail

Comment avoir la même chose en payant moins ? Question souvent perverse, mais sur Monster World il suffit d'être bon en maths !

Comme expliqué précédemment, votre arroseur ne peut être payé que sur une période de 24 heures. Impossible d'accumuler les heures au-delà et de le payer, par exemple, pour 30 heures. Le compteur s'arrêtera toujours sur 24.

En revanche, elles peuvent s'additionner tant qu'elles couvrent les 24 heures. Par exemple, vous pouvez passez de 2 heures d'arrosage à 8 heures en un clic.

Autrement dit, débourser systématiquement 180 pièces pour 24 heures est un gaspillage. Tant qu'il n'y a pas le feu au lac, il vaut mieux payer moins pour s'approcher des 24 heures.

Ce qui manque pour être vrai

  •  la législation du travail qui peut assez régulièrement changer.

Vente au détail VS vente en gros

C'est un principe appliqué partout, même dans l'économie parallèle : il vaut mieux vendre au détail qu'en gros.

Robert vous achète des plantes en gros : il demande un pot-pourri d'échantillons et donne une enveloppe globale. La même commande vendue au marché rapporterait plus de pièces.

Pourquoi alors vendre à Robert ? Tout simplement parce qu'une vente conclue avec lui rapporte, en plus des pièces, de l'expérience et du Woo-Goo (le carburant des machines du jeu. Ahem).

A ce moment-là, pourquoi vendre ses plantes au marché ? Si l'on a un stock important, cela permet d'engranger rapidement des pièces et d'acheter très vite des décorations.

Bref, il faut s'adapter selon la situation !

La vente à perte

Vous multipliez les ventes avec Robert sans accroc, ce qui vous permet d'avoir un large stock de capitaux propres.

Et là, c'est le drame : le robot vous commande une tonne de plantes très longues à produire.

Vous décidez, pour ne pas perdre le bénéfice de cette ventes, d'acheter ce qu'il manque au marché. Comme c'est vendu au détail, ça revient au final bien plus cher que ce que Robert donnera.

Votre bénéfice est négatif et vous vous retrouvez avec moins de sous qu'avant la vente. Mais, avec de la chance, vous pourrez vous refaire à la prochaine commande.

Ce qui manque pour être vrai

  •  le côté illégal. Cette petite manip', qui consiste à vendre un produit moins cher que son prix d'achat, s'appelle la vente à perte. Et elle est interdite en France !

Comments

Comment by Olivier on 2011-11-11 20:18:51 +0100

Bwaaa j'ai trouvé les petites dédicaces !
Sinon tu m'as presque donné envie de jouer à monster world !

Comment by elodie on 2012-05-17 16:57:03 +0200

bonjour, je joue a monster world depuis maintenant 5 mois et je trouve que payer pour 24H est une economie car quand tu regarde 12H = 100 pieces et pour 24H = 180 pieces.

Comment by Raphi on 2012-05-17 19:24:26 +0200

Oui, mais ce raisonnement ne fonctionne que si tu laisse filer pile poile tes 24 heures de jeu. Sinon, il vaut mieux claquer 100 quand il te reste (par exemple) 13 heures de flottement que 180, puisque tu n'auras de toute façon que 24 heures en claquant ces sommes.

Comment by pièces agiles on 2014-03-26 17:28:09 +0100

Je m'y suis mis il y a pas longtemps grâce à ma copine. c'est pas mal. Bon après je viens de farming simulator donc ca me connait un peu 🙂